Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/438

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Et qu’il assurât mieux par cette barbarie
Aux enfants qui naîtraient le trône de Syrie.
Mais tandis qu’animé de colère et d’amour,
Il vient déshériter ses fils par son retour. 250
Et qu’un gros escadron de Parthes pleins de joie
Conduit ces deux amants, et court comme à la proie,
La reine, au désespoir de n’en rien obtenir,
Se résout de se perdre ou de le prévenir.
Elle oublie un mari qui veut cesser de l’être, 255
Qui ne veut plus la voir qu’en implacable maître,
Et, changeant à regret son amour en horreur,
Elle abanionne tout à sa juste fureur.
Elle-même leur dres-e une embûche au passage.
Se mêle dans les coups, porte partout sa rage, 2G0
En pousse jusqu’au bout les furieux effets.
Que vous dirai-je enfin ? les Parthes sont défaits ;
Le roi meurt, et, dit-on, par la main de la reine ;
Rodogune captive est livrée à sa haine.
Tous les maux qu’un esclave endure dans les fers, 265
Alors sans moi, mon frère, elle les eût soufferts.
La reine, à la gêner prenant mille délices.
Ne commettait qu’à moi l’ordre de ses supplices ;
Mais, quoi que m’ordonnât cette âme toute en feu,

254. « Se résout de se perdre est un solécisme. Je me résous à, je résous de ; il s’est résolu à mourir, il a résolu de mourir.» (Voltaire.) Corneille a employé aussi se résoudre à; mais en écrivant ici, dans Horace (V, m) et dans Nicomide (IV, II) se résoudre de, il ne faisait pas plus un solécisme que lorsqu’il écrivait dans l’examen de cette même llodojune : « Enfin, elle se résout par désespoir de les perdre tous deux. » On voit dans le Dictionnaire de M. Littr^ de nom- breux exemples empruntés à Malherbe, à La Fontaine, à M""^ de Sévigné, à Racine, à Montesquieu, même, — qui l’eiit dit? — à Voltaire.

260. On trouve à la fois dans Corneille se mêler à et se iniler dnn>!, se mêler aux vœux d’une troupe infidèle (Pohjfuele, vers 638) et se mêler dans un déses- poir, à peu’près comme La Bruyère dit {Caractères, Xï) se mêler dans le peuple, et Molière se mêler dans le brillant commerce {Misanthrope, II, v). Cette réserve faite, on peut partager l’avis de Voltaire : « Il valait mieux dire : .se mêle aux cunibatlants. »

263. Ce dit-on, glissé là si discrètement, n’est pas de remplissage; il diminue l’horreur de la situation, et, sans nous assurer de tout, nous permet de tout deviner.

267. Pour gêner, dans le sens de torturer, voir la note du vers 18. — Prendre ries délicet, pour prendre du plaisir, n’est pas très commun, nous l’accorderou’i a Voltaire ; mais mille délices peut se défendre par un très bon exemple de Molière ;

Les uns à s’exposer troureat mille délieei ; Moi, j’en trouve à me conserver.

{Amphitriton, n,I.|

288. Commettre, confier, dans le sens do latin eommittere.

269. Cnmaiile a dit ailleurs {Tliéodore, vers 1217) : « IJdme toute en feu, les yeux étincclants. « Roirou app«^lle la jeunesse t cet âge de feu » {Vevr’esi’ns, i\ , i), et Pascal nous parle admiiablement de ces «passions i~ fe » q"** rei»*-

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