Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/448

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

102 ROUOGUiNE.

Vains fnntômps d'État, évanouissez-vous I

Si d'un péril piessant la terreur vous fit naître, .

Avec ce péril mêaie il vous faut disparaîlre, 400

Semblables à ces vœux, dans l'oiage formés,

Qu'efface un prompt oubli quand les flots sont calmés.

Et vou*, qu'avec tant d'art cette feinte a voilée,

Recours des impuissants, haine dissimulée.

Digne vertu des rois, noble secret de cour, À05

Éclatez, il est temps, et voici noire jour.

iVlontron>-nous toutes deux, non plus comme sujettes.

Mais telle que je suis, et telle que vous êtes.

Le Parthe est éloigné, nous pouvons tout oser:

Nous n'avons rien à craindre, et rien à déguiser; 410

Je hais, je règne encor. Laissons d'illustres marques

En quittant, s'il le faut, ce haut rang des monarques :

Faisons-en avec gloire un départ éclatant,

��comme TÎeilli, fallacieux appnqae â une chose; k partir de ce moment elle ne le proscrit plus, bien qu'elle observe qu'il est surtout du style élevé. Dans le moQoloK'ue qui ouvre Rmtte sauvée. Voltaire a 'mité cette prosopopée. Cor- neille aime ces monologues où une âme passionnée s'échappe eu vives apos- trophes. Le monologue d'Emilie, au début de Cinna, a les mômes qualités et les mêmes défauts que celui de Cléopâtre. — Sntulaire contrainte, contrainte que je me suis imposée pour me. sauver.

398. Vains fantômes d'Etat. Contrainte chimérique qu'imposait la raison d'Etat. Corneille dit de mème,« scrupules d'État... chimères d'État (lite et Bérénce, III, ii, v), « vertu d'État » {Pompée, I, i).

401. Pourquoi Voltaire exclut-il les comparaisons directes de la poésie, au bénéfice des métaphores? Celle-ci est courte et vraie :

Mais, le péril passé, l'on ne se souvient guère

De ce qu'on a promis aux cieux (La Fontaine, IX, xm.)

402. M. Géruzez rappelle ici le proverbe italien : passato il pericolo,gabl>ato il san/o; le péril passé, au diable le saint!

406. Voltaire observe que la dissimulation est précisément ce qui n'éclate pas ; mais le sens est : haine trop longtemps dissimulée, paraissez enfin au grand jour.

407. « Qui sont ces deux? est-ce la haine dissimulée et Cléopâtre? Voilà un assemblage bien extraordinaire, t (Voltaire.) Sujettes, appliqué à la fois à une reine et à une passion, n'est pas clair ; le mol assujetti peut servir à l'ex- pliquer. Cléopâtre ne^ veut plus qu'elle-même et sa haine soient désormais es- claves de la raison d'État.

411. Dans la première partie de ce vers. Voltaire voit c un coup de pinceau bien fier »; mais il blâme l'expression ; hissons d'illustres marques. Cortieille emploie souvent illustre en parlant de choses, comme dans ce vers hardi de la Mort de Pompée (II, n) :

Et son dernier soupir est un soupir illustre.

Bossuet (Hi^t , HT, v) a dit : « Us ont donné à'illustres marques de valeur, i Quant à marques, indices, preuves, témoignages (que Cléopâtre veut laisser de ce qu'elle est vraiment), rapprochez les vers 4(19 de Polyencte et 920 de Radoyuiie. ' On est forcé de convenir avec Voltaire que Corneille emploie le mot marque d'une manière bien vague » (Lexique de Corneille.) 411 Construction très rare et que Voltaire critique justement.

�� �