Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/503

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE QUATRIÈME

��SCENE PREMIERE.

ANTIOCHUS, RODOGUNE.

��RODOGUNE.

Prince, qu'ai-je ent'^ndu? parce que je soupire, Vous présumez que j'aime, et vous m'osez le dire I Est-ce un frère, est-ce vous dont la témérité

��.131. Selon Voltaire, t cette conjonction paroe que ne doit jamais entrer dans un vers noble ; elle est dure et sourde à l'oreille. » Cette condamnation est trop absolue :

Polyeucte est chrétien paroe qu'il l'a Toulu.

{Pol^eucte, III, 1.

Voilà un vers qui ne semble ni trop bas ni trop lourd.

1132. Remarquez cette construction du pronom, si fréquente au xvii» siècle: Vous m'osez le diri', pour : vous osez wi# le dire.

1133. Var. * Qui de vous deux encore a la témérité

De se croire... » (1647-1656). « L'àme du spectateur était remplie de deux assassinats proposés par deux femmes; on attendait la suite de ces horreurs; le spectateur est étonné de voir Rodogune qui se fâche de ce qu'on présume qu'elle pourrait aimer un des princes destiné pour être son époux. Elle ne parle que de la témérité d'Antio- chus, qui, en la voyant soupirer, ose supposer qu'elle n'est pas insensible. C'était un des ridicules à la mode dans les romans de chevalerie, comme on l'a déjà dit : il fallait qu'un chevalier n'imaginât pas que la dame de ses pen- sées pût être sensible avant de très longs services ; ces idées infectèrent notre théâtre. Antiochus, qui ne devrait parler à cette princesse que pour lui dire qu'elle est indigne de lui, et qu'on n'épouse point la vieille maîtresse de son pèT'-', quand elle demande la tète de sa belle-mère pour présent de noces, oublie tout à coupla conduite révoltante et contradictoire d'une fille modeste et parri- cide, et lui dit que personne n'est assez léméraire jusqu'à s'imaginer qu'il ait l'heur de lui plaire; que c'est présvmp:io)i de croire ce miracle, qit'flle est un oracle, qu'il ne faut pas éteindre un bel espoir. Peut-on souffrir, après ces vers, que Kodogune, qui mériterait d'être enfermée toute sa vie pour avoir proposé un pareil assassinat, trouve trop de vanité dan$ l'espoir trop prompl des termes obligeante de sa civilité? Ces propos de comédie sont-ils soutena- ■\)les ? • — « Voltaire, remarque Palissot, no se contente plus de dire que Ro- dogune n'est pas jeune : il veut actuellement qu'elle soit vieille. »

Il y a pourtant une grande part de vérité dans se» critiques, surtout si l'oa

�� �