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iSS RODOGUNE.

SCÈNE VII

CLÉOPATRE.

De quel malheur suis- je encore capable? 4475

Leur amour m'offensait, leur amitié m'accable, Et contre mes fureurs je trouve en mes deux fils Deux enfants révoltés et deux rivaux unis. Quoi ! sans émotion perdre trône et maîtresse I Quel est ici ton charme, odieuse princesse? 4480

Kt par quel privilège, allumant de tels feux. Peux-tu n'en prendre qu'un et ra'ôter tous les deux? N'espère [las pourtant triompher de ma haine : Pour régner sur deux cœurs, tu n'es pas encor reine. Je sais bien qu'en l'état où tous deux je les vol HSo

Il me les faut percer pour aller jusqu'à loi :

��leucus ne dit rien qui doive faire prendre à sa mère la résolution de l'assassiner. Un si grand crime doit au moins être nécessaire. Pourquoi Séleucus ne prend-il pas ries mesures contre sa mère, comme il l'avait proposé à Antiochus? En ce cas, Cléopâtre aurait quelque raison qui semblerait colorer ses crimes. » Séleucus semble s'être désintéressé de tout; il n'en est pas moins pour Cléo- pâtre un adversaire plus redoutable qu' Antiochus ; car il la connaît mieux et, au besoin, est plus capable d'uue résolution soudaine. Voilà pourquoi il est frappé le premier. Quant à Antiochus, aimé de Rodogune, il sera frappé en même temps qu'elle.

ms. « On est capable d'une résolution, d'une action vertueuse ou crimi- nelle ; on n'est point capable d'un malheur. » (Voltaire.) Corneille, il est vrai, emploie quelquefois malheur dans un sens que M. Marty-Laveaux n'indique pas, et qui se rapproche du sens de crime; c'est ainsi que Ptolémée, qui a fait assassiner Pompée, dit à César :

J'ai cru sa mort pour vous un maVieur nécessaire.

{Poncée, m, II.)

1480. CliTmé, au sens i>ropre; Toir le v. 6-28; il y a quelque chose de sur- naturel, aux yeux de Cléopâtre, dans une séduction assez forte pour faire oublier le trône. « Afipas, dit Ménage, se dit des beautés qui attirent, et charmes de celles qui agissent par une vertu occulte et magique. » (Observa- tions, p. 428.)

1482. « Elle veut dire, en n'en prenant qu'un; car Rodogune ne pouvait pas prendre deux maris. Cette antithèse, en jrrendre un et en ôler deux, est recherchée. » (Voltair? )

1485. ( A la première personne, je wis, le» poètes écrivent, pour la rim^, je voi. Ce n'est pas une licence, c'est un archaïsme, ces premières personnes ne prenant pas à's dans l'ancienne langue. « (M. Littré.) Ou écrivait en effet pren, voi, et l'on n'ajoutait un s que par euphonie, devant une voyelle.

1186. M. Oeruiez rapproche de ces vers ceux de Racine :

i'onr «lier jusqu'au cœur que vous voulez percer, Voila parquets chumlns vos coups doivnnt passer.

{IphigimUJ

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