Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/550

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a04 RODOGUNE.

Qu'au milieu de mes pleurs, qu'il devrait essuyer, 4705

Son peu d'amour me force à me justifier,

Si vous n'en pouvez mieux consoler une mère

Qu'en la traitant d'égal avec une étrangère,

Je vous dirai, seigneur (car ce n'est plus à moi

A nommer autrement et mon juge et mon roi), l'j^ij

Que vous voyez l'effet de cette vieille haine

Qu'en dépit de la paix me garde l'inhumaine,

Qu'en son cœur du passé soutient le souvenir.

Et que j'avais raison de vouloir prévenir.

Elle a soif de mon sang, elle a voulu l'épandre : 1715

J'ai prévu d'assez loin ce que j'en viens d'apprendre;

Mais je vous ai laissé désarmer mon courroux.

(A Bodogune.)

Sur la foi de ses pleurs, je n'ai rien craint de vous,

Madame, mais, ô Dieux! quelle rage est la vôtre!

Quand je vous donne un fils, vous assassinez l'autre, 1720

Et m'enviez soudain l'unique et faible appui

Qu'une mère opprimée eût pu trouver en lui !

Quand vous m'accablerez, où sera mon refuge?

Si je m'en plains au roi, vous possédez mon juge,

Et s'il m'ose écouter, peut-être, hélas! en vain 1725

Il voudra se garder de cette même main.

Enfin je suis leur mère, et vous leur ennemie :

J'ai recherché leur gloire, et vous leur infamie,

Et si je n'eusse aimé ces fils que vous m'ôtez,

��nos. « Traiter d'égal, sorte de locution proverbiale dans laquelle égal reste invariable. » (M. Marty-Laveaux.)

U n'en prend poinUe tiue, et les traite d'égal,

ISertorius v. 45S.I

D'égal, ex œquo, est alors pris adverbialement, comme aller d'égal, à l'éynl de-- ,

ni5. « Epandre était un terme heureux qu'on employait au besoin au lieu de répondre; ce mot a vieilli » (Voltaire.) Voyez la note du v. 582. U semble qu'aujourd'hui ce mot soit rentré en faveur ; la poésie contemporaine l'a plus d'une fois rajeuni'. Ainsi s'est réalisé le souhait de Palissot, qui, retrouvant épandre chez Boileau et même Voltaire, ne le jugeait pas si vieiUi, et invitait les poètes à le reprend».

1721. Sur envier, voyoï la note du v. 1822.

1726. « Ce plaidoyer de Cléopâtre, dit Voltaire, n'est pas sans adresse. » L'éloge est un peu sec : si l'on considère la situation de Cléopâtre, la surprise et la '.âge qu'elle vient de dominer, l'effort surhumain qu'elle a dû faire pour »e remettre et reprendre possessioL d'elle-même, on admirera cet art si con- sommé qui semble la nature même. Aucun discours ne peut être à la fois plus rraisemblable et moins vrai. P,t q'ie 'l'i-.sinuwtions porfides- nomme cells-ri, «oui 4tta ostentation de tendresse matnraaU»!

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