Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/103

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SLU IJUN SANCllE D'AKA(JON 91

I). ISABELLE.

Parlez, vous, don Maviriquo.

D. MANRIQUE.

Madame, puisqu'il faut qu'à vos yeux je m'explique, Quoique votre discours nous ait lait des leçons Capables d'ouvrir Tàme à de justes soupçons, Je vous dirai pourtant, comme à ma souveraine, Que pour faire un vrai roi vous le fassiez en reine; Que vous laisser borner, c'est vous-même aU'aiblir La dignité du rang qui le doit ennoblir; Et qu'à prendre pour loi le choix qu'on vous proposa Le roi que vous feriez vous devrait peu de chose. Puisqu'il tiendrait les noms de monarque et d'époux Du choix de vos Etats aussi ])ien que de vous.

Pour moi, qui vous aimai sans sceptre et sans couronna". Qui n'ai jamais eu d'yeux que pour votre personne. Que même le fou Roi daigna considérer Jusqu'à soulfrir ma tlamme et me faire espérer. J'oserai me jironn'ttre un sort assez propice De cet aven d'un frère et quatre ans de service; Et sur ce doux espoir dussé-je me trahir. Puisque vous le voulez, je jure d'obéir.

D. ISABELLE.

C'est comme il faut m'aimer. Et don Alvar de Lune?

D. ALVAR.

Je ne vous ferai point de harangue importune. Choisissez hors des trois, tranchez absolument; Je jure d'obéir, Madame, aveuglément.

D. ISABELLE.

Sous les profonds respects de cette déférence Vous nous cachez peut-être un peu d'iudillérence ; Et, comme votre cœur n'est pas sans autre amour, 'Vous savez des deux parts faire bien votre cour.

D. ALVAR.

Madame...

f). ISABELLE.

C'est assez ; que chacun prenne place.

(Ici les trois reines prennent chacune un fauteuil, et. après que les trois comtes et le reste des grands qui son/, pré- sents se sont assis sur des bancs préparés exprès, Carlos, y voyant une place vide, s'y veut seoir, et U. Manriqiie l'en empêche.)

D. MANRIQUE.

Tout beau, tout beau, Carlos ! d'où vous vient cette audace? Et quel titre en ce rang a pu vous établir?

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