Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR DON SANCHE D'ARAGON 103

M'osez-vous expliquer ce noble scntimout? Ah ! si vous n'appreuez à parler d'autre sorte...

��Madame, pardonnez à l'ardeur qui l'emporte; 11 devait s'excuser avec plus de douceur.

Nous avons, en etlet. Tun et l'autre une sœur; Mais, si j'ose en parler avec quelque franchise, A d'autres qu'au marquis l'une et l'autre est promise.

n. ISABELLE.

A qui. don Lope?

1). .MANIUQUE.

A moi. Madame.

D. ISABELLE.

Et l'autre?

D. LOPE.

A moi.

D. ISABELLE.

J'ai donc tort parmi vous de vouluir faire un roi.

Allez, heureux amants, allez voir vos maîtresses ;

Et, parmi les douceurs de vos dignes caresses,

N'oubliez pas de dire à ces jeunes esprits

Que vous faites du trône un généreux mépris.

Je vous l'ai déjà dit, je ne force personne,

Et rends grâce à l'Etat des amants qu'il me donne.

D, LOPE.

Écoutez-nous de grâce.

D. ISABELLE.

Et que me direz-vous? Que la constance est belle au jugement de tous? Qu'il n'est point de grandeurs qui la doivent séduire ? Quelques autres que vous m'en sauront mieux instruire; Et, si cette vertu ne se doit point forcer, Peut-être qu'à mou tour je saurai l'exercer.

La scène est spirituelle et vivement menée. 11 est vrai que c'est une scène de comédie pure. Mais comment ne pas sourire de voir don Manrique et don Lojie si adroitement -pris au piège? Le ca- ractère d'Isabelle se dessine de plus en plus : c'est une jeune reine qui fait l'apprentissage de la puissance souveraine, qui n'a point appris encore à dissimuler, mais qui, s'il le faut, saura « régner » ; elle en avertit ses prétendants confus. Au fond, son embarras u'est pas moindre que celui de ses victimes, et elle nous le confie

�� �