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INTRODUCTION
I
L’histoire et Nicomède

FLAMINIUS, ANNIBAL ET MITHRIDATE

Nicomède est un drame historique, antique par le fond, moderne par l'accent. Pour en bien pénétrer le double caractère, il ne faut oublier ni que Corneille devenait par la pensée le contemporain des Romains qu’il fait parler et agir, ni qu’il était par le fait le spectateur de la Fronde.

On y peut donc faire deux paris : celle de la tragédie, qui est toute romaine; celle de la tragédie-comédie, ou de la comédie même, qui est toute française.

Est-ce à dire qu’en cette œuvre, si curieuse par la fusion de tant d’éléments divers, il faille voir, avec quelques-uns, une allusion directe aux événements de la Fronde? Non sans doute, mais les événements ont fait valoir l’œuvre, parce que l’esprit du temps y vivait,

« Les princes étant sortis de prison dans le temps qu’on représentait Nicomède, quelques vers donnèrent matière à des applications qui augmentèrent le succès de cette tragédie*. » Le chevalier de Mouhy donne à cette assertion de Jolly un démenti bien extraordinaire. » Cette remarque, écrit-il, paraîtra singulière, quand on se rappellera que l’époque de la liberté de ces princes est de 1641, et que celle pièce n’a été jouée qu’onze ans après ^. » La distraction est forte, car c’est au

1. Jolly, Avertissement du Théâtre de Corneille, 1738.

2. Abrégé de l’histoire du théâtre français.