Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

INTIIUDUGTION Ifil

contre des événenieuls plus forts qiio lui. Il est admirable, certes, admirable de présence d'esprit, comme de fierté , en face de ce trône, ou plutôt de ce tribunal où siège un juge hostile. Mais Arsiiioé a parlé avant lui, elle parle encore, avec quelle souplesse et quelle abondance de ressources! Elle joue dans la perfection son rôle d'uuiocence attendrie. D'ailleurs, mis en demeure d'opter entre l'héritage de Prusias et l'amour do Laodice, N'icomède, sans hésiter, choisit Laodice. Tant d'obstination appelle un châtiment : il est ari-êli; et livré à Flaminius, e'est-à-dire aux Romains. Sa perle est désormais certaine, à moins qu'Altale, dont la générosité se réveille, ne veuille et ne puisse la conjurer.

Aclc V. — Le soulèvement du peuple en faveur de Nico- mède, loin d'être un secours efficace, semble plutôt un dan- ger nouveau, car il exaspère ceux qui disposent de la vie du prisonnier. Et si celui-ci échappe à la mort, éohappcra-t-il à une captivité cent fois plus horrible pour lui? La galèi'e de Flaminius va le couduire à Rome. Allale le délivre en poi- gnardant Araspe ; mais ce que fait Attale, il pouvait ne pas le faire, et même il ne s'y est décidé qu'assez tard. N'est-il pas réel le péril qui , après s'être accru progressivement pendant quatre actes, n'est écarté à la fin du cinquième que par le coup de théàli'C le plus impiévu ?

Ce dénouement tant criliqué n'est donc pas amené artifi- ciellement par une sédition populaire imaginée à propos par le poète, et l'on n'a pas le droit d'appliquer iri, en souriant, le mot de La Bruyère : « Les mutins n"entendent plus raison, dénouement vulgaire de tragédie. » Il est l'etiet très naturel d'une évolution dans le caractère d'Atlale, et l'originalilé de ce zèle éclate des lors à tous les yeux : car le drame entier peut se résumer en quelques mots : les prétentions d' Attale, appuyées par Arsinoé , Flaminius et Prusias, sont combattues par Nicomède et Laodice; elles échouent précisément par la faute généreuse d'Attale.

Quant au coup de poignard qui nous délivre d'Araspe, des critiques sensibles l'ont regretté. 11 est difficile pourtant de s'attendrir sur le sort de ce traître, car c'en est un. k Araspe, dit M. Naudet, est-il lié d'un accord secret avec la reine? Le poète ne le dit expressément nulle part, mais il l'indique par des traits auxquels on ne saurait se méprendre. Est-ce un complice aposté là pour épier le vieux monarque et le circonvenir? A-t-il pris cet emploi spontanément, s'oifrant ainsi à la puissance qui s'élève et trahissant la puissance qui décline? Peu importe; c'est bien toujours le courtisan subal- terne, fait pour servir les intiigues, et non pour les con-

�� �