Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION 463

de nos vieux poètes, dans les mystères, par exemple, avaient connu, recherché ou naïvement reproduit cesallernalives. Au (enips de Corneille, elles élaient à la mode, comme le prou- vent ses propres tragi-comédies*, et celles de lîotrou ; la Pré- face de Don Sanehe avait été précédée de la Préface non moins hardie du Tijr et Sidon de Jean de Schelandre (1608). En (été de son Andromire (1640) Scudéiy disait, avec un or- gueil ingénu : (( Ce beau et divertissant poème, sans pencher trop vers la sévérité de la tragédie ni vers le style railleur de la comédie, prend les beautés les plus délicates de l'une et de l'autre, et, sans être ni l'une ni l'autre, on peut dire qu'il est toutes les ileux ensemble et quelque chose de plus. » Ce que l'on permettait à Scudéry, qui faisait une mauvaise pièce, pourquoi l'intordirions-nous à Corneille, qui nous a laissé une ceuvre originale et vivante? On ne peut le condamnera écrire seulement des Uorarc et des Cinna ; dans le Cid, dans Pulijeucle même, n'y avait-il pas une part de co- médie ?

Superstition d'idolâtrie étroite! diions-nous après M. INau- det, qui ajoute, avec le bon sens le plus aiguisé * : « Nommez ?sicomède Iragi-comédie, si cela peut vous plaire, ou même comédie héroïque, ainsi que Voltaire le proposait. On disait bien, du temps de M. de Uangeau, la comédie de Mithridafe. Toujours est-il que le public et les connaisseurs applaudis- sent aujourd'hui en Kicomède une des plus belles œuvres dramatiques de la scène française; non point une œuvre d'espèce indécise , mixte, hybride , comme Voltaire voudrait qu'on l'enlendlt. S: la poésie dramatique est la peintui'e au vif et au vrai des faiblesses comme des giandeurs, des intri- gues de cour comme des conspirations populaires, si elle peut intéresser par une haute moialité en montrant, dans une fable appuyée sur les données de l'histoire et sur la con- naissance du cœur humain, de quelle manière les passions personnelles intluent siu- les atfaires publiques, et comment les discordes intestines d'un palais peuvent changer les des- tinées des Etats, yicomède est un poème dramatique du genre le plus franc, le plus élevé, le plus digne d'attacher les es- prits sérieux. »

Et qu'on ne confonde point Niccimcde avec Don Sanche, comme le fait Voltaire : cai' Xicomcde est fort loin d'être ce qu'est Don Sanche, un roman dramatique. (}u'avec le même Voltaire on ne demande pas nous ne savons quel remanie-

1. Voyez notre étude sur les tragi-comédies cornéliennes au tome I de notre Théntri' de Corneille,

�� �