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182 NICOMÈDE

D'un monsieur d'assez bonne mine

J'apprends que chez mon héroïne (Madame)

Jeudi, Ici troupe de l'Hôtel,

Par un poème non tel quel

Charma très nombreuse assemblée,

De beaux et de belles comblée,

Frisés et musqués comme il faut.

Et braves par bas et par haut.

Nicomède était ce poème,

Digne d'une louange extrême.

]] est de Corneille l'aîné,

Qui fut, je crois, prédestiné

Pour emporter dans le tragique

Tout seul l'honneur du dramatique *.

Pendant le seul rèiine de Louis XIV, Nicomcde ne ful-il pas joué 138 fois à la ville et 12 fois à la cour? Certains vers de Nicomède n'étaient-ils pas passés en proverbes et ne s'olffraient- ils pas d'eux-mêmes à l'esprit d'une Sévigné?^

En tout cas, si quelqu'un a compris et admiré Nicomède, cesi assurément Molière, qui devait s'en souvenir dans le Malade imajinaire , peut-èlre dans Tartufe. L'adjonction d'une pièce de Molière à la pièce de Corneille ne prouve nullement que le succès de celle-ci se fût ralenti. Rien n'était plus com- mun que de donner à la fois une tragédie et une comédie. C'est ce qui peut se vérifier dès les débuts de la troupe de Molière à Paris: «Le 24 octobre 16o8, cette troupe com- mença de paraître devant Leurs Majeslés et toute la cour, sur un théâtre que le roi avait fait dresser dans la salle des gardes du vieux Louvre. Nicomède, tragédie de M. de Cor- neille l'ainé, fut la pièce qu'elle choisit pour cet éclatant début. Ces nouveaux acteurs ne déplurent point, et on fut surtout fort satisfait de l'agrément et du jeu des femmes. Les fameux comédiens qui faisaient alors si bien valoir l'Hôtel de Bourgogne, étaient présents à cette représentation. La pièce étant achevée, M. de Molière vint sur le théâtre, et, après avoir remercié Sa Majesté en des termes très modestes, il lui dit que l'envie qu'ils avaient eue d'avoir l'honneur de divertir le plus grand roi du monde leur avait fait oublier que Sa Majosté avait à son service d'excellents originaux, dont ils n'étaient que de très faibles copies; mais que, puisqu'elle avait bien voulu soull'rir leurs manières de campagne, il la suppliait très humblement d'avoir pour agréable qu'il lui

��1. Lettre en vers à Madame, du 17 novembre 1668.

2. Voyez ses lettres à Guitaut du 20 avril 1683 et de 1683.

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