Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/206

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ini NICOMÈDE

de faire assassiner son fils Nicomède, pour avancer ses au- tres fils qu'il avait eus d'une autre femme, et qu'il faisait élever à Rome ; mais ce dessein fut découvert à ce jeune prince par ceux mêmes qui l'avaient entrepris : ils firent plus, ils l'exhortèrent à rendre la pareille à un père si cruel et faire retomber sur sa tête les embûches qu'il lui avait prépa- rées, et n'eurent pas grande peine à le persuader. Sitôt donc qu'il fut entré dans le royaume de son père, qui l'avait ap- pelé auprès de lui, il fut proclamé roi ; et Prusias, chassé du trône, et délaissé même de ses domestiques, quelque soin qu'il prît de se cacher, fut enfin tué par ce fils, et perdit la vie par un crime aussi grand que celui qu'il avait commis en donnant les ordres de l'assassiner'. »

J'ai ôté de ma scène l'horreur d'une catastrophe si barbare, et n'ai donné ni au père ni au fils aucun dessein de parricide.

1. Nous compléterons, dit Naudet. la citation de Corneille par les deux sui- vantes, empruntées à Appien et à Diodore de Sicile :

u Prusias, surnommé lo Chisseur, épousa la sœur de Persée de Macédoine. La guerre étant survenue, peu de temps après, entre les Romains et Persée, le Bi- thynien garda la neutralité. Mais lorsque son beau-frère eut été fait prisonnier, il se présenta aux généraux romains, vêtu de la toge, chaussé à l'italienne, la tète rasée et coill'ée du piléus, costume que prennent les esclaves auxquels leur maître a donné la liberté par testament .•Vjoutez à cela une hgure ignoble et une petite taille. La première chose qu'il dit ce fut : « Je suis l'affranchi des « Romains «. et il le dit en langue latine. Les députés en rirent, et ils l'envoyèrent à Rome, ou il se montra encore ridicule, et on lui fît grà<.e. Dans la suite Pru- sias, pour satisfaire sa haine contre Attale, roi de Pergame, ravagea cette contrée. A cette nouvelle, le sénat envoya défense à Prusias de continuer la guerre contre Attale, ami et allié du peuple romain. Les ambassadeurs, le trouvant peu docile, lui enjoignirent plus instamment de se soumettre aux ordres du sénat, et de se rendre sur les confins des deux royaumes, avec mille cavaliers, pour en- trer en accommodement ; Attale l'y attendrait avec une pareille escorte. Prusias conçut l'espoir de surprenire son adversaire entouré d'une si faible défense; il envoya en avant des députés, annonçant qu'il les suivrait bientôt avec ses mille cavaliers. Mais il fit avancer son armée, prêt à livrer combat. Les Romains et Attale n'eurent que le temps de fuir chacun ou il pouvait. Prusias s'empara des bagages que les Romains avaient abandonnés, ainsi que d'une place nommée Nicephorium, qu'il ruina de fond en comble, brûlant même les temples des dieux. Puis il assiégea Pergame, où s'était réfugié Attale. Enfin les Romains, instruits de ces événements, envoyèrent d'autres ambassadeurs, qui ordonnèrent à Prusias d'indemniser .Mtale des pertes qu'il lui avait causées. Effrayé à cette fois, il obéit et se retira. Les ambassadeurs ayant réglé l'indemnité h vingt vaisseaux qu'il fallait livrer sur-le-champ et à cinq cents talents payables en plusieurs termes, il donna les vaisseaux et il fut exact aux échéances de payement en ar- gent. Ce roi, que sa cruauté rendait odieux à ses sujets, avait un fils chéri des Bithyniens. 11 en conçut de l'ombrage et envoya le jeune prince à Rome pour y demeurer. Ayant appris que Nicomède se faisait estimer là comme ailleurs, il le chargea d'intercéder auprès du sénat pour qu'on fit remise de ce qui restait à payer de la créanre d'Attale ; et il lui adjoignit Menas, dont les instruc- tions portaient que, si Nicomède obtenait la remise, il fallait le laisser vivre, sinon l'assassiner dans Rome. » (.\ppien, il/;7Ar., 2-7.)

L'auteur ajoute que le sénat fut inexorable; que Menas, n'osant ni tuer Nico- mède ni retourner en Bithjfnie, lui découvrit le complot; qu'ils se concertèrent

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