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274 NICOMÉDE

Quand vous n'iiohevez pas de rendre tout égal.

Vous vous défaites bien de quelques droits d'aînesse : lOia

Mais vous défaites-vous du cœur de la princesse,

De toutes les vertus qui vous en font aimer,

Des hautes qualités qui savent tout charmer.

De trois sceptres conquis, du gain de six batailles,

Des glorieux assauts de plus de cent murailles? 1020

Avec de tels seconds rien n'est pour vous douteux.

Rendez donc la princesse égale entre nous di-ux :

Ne lui laissez plus voir ce long amas de gloire

Qu'à pleines mains sur vous a versé la victoire,

Et faites qu'elle puisse oublier une fois 1023

Et vos rares vertus et vos fameux exploits;

Ou contre son amour, contre votre vaillance,

Soutirez Uome et le Roi dedans l'autre balance :

Le ppu qu'ils ont gagné vous fait assez juger

Qu'ils n'y mettront jamais qu'un contrepoids léger. 1030

��C'est n'avoir pas perdu tout votre temps k Rome, Que vous savoir ainsi défendre en galant homme :

scène. On souffre presque de voir ainsi humilier Attale : mais sa générosité natu- relle n'a pas encore paru; il n'est encore et ne peut être aux yeux de Nicomède que l'amant importun de Laodice. que l'élève et l'esclave des Romains.

lOlG. Se défaire n'est pas ici le mot propre, selon Voltaire et selon Lekain, qui corrige :

Vous renoncez fans peine à quelques droits (l'aînesse;

Mais renoncez-vous bien an co'ur île la pi incesse ?...

Mais le mouvement rapide de la phrase et l'enchaînement des idées excusent Corneille d'avoir appliqué le même mot, juste d'abord, à tous les autres avan- tages dont Xicoinède ne veut pas se défaire.

1021. Le second, c'est celui qui seconde, qui assiste quelqu'un, surtout dans un duel, mais aussi dans toute entreprise :

Je n'ai jamais soufferl de second que mon bras. [Œdipe, 1180.)

Que n'exécnterai-je avec ce beau second.

Et de quel ennemi ne pUira le front? (Rotrou, Heureux naufrage. 11, 6.)

1022. Au V. 1427 on retrouvera ce même adjectif, égal, dans ce même sens d'impartial (animé de sentiments toujours égaux, équitables). Corneille a dit dans Horace (v. 9i et 1565) : « égale à tous les deux », et en parlant du peuple :

11 veut qu'on soit égal en tout temps, en tous lieux.

Mais Lekain ne comprenait pas ce latinisme, et il y substitue :« le combat égal ".

1023. Ce long amas de gloire, cet entassement, cette accumulation d'ciploits glorieux. Corneille aime à écrire : n Leur fier ornas de puissance et de gloire " [Sertorius, 43.3) et « l'amas du savoir » 'Imitation, I, 8S). On connaît le beau vers de Boileau :

Ce long amas d'aïeux que vous diffamez tous. (Satire v.)

1028. Sur à,edans employé comme préposition, voyez la note du v. 283.

1032. Vn gâtant homme, c'est un homme de bonne compagnie, qui a de l'ur-

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