Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

280 NICOMÈDE

Quand ils vous accusaient je les croyais bien moins.

Votre vertu, Madame, est au-dessus du crime.

Souffrez donc que pour lui je garde un peu d'estime. 1100

La sienne dans la cour lui fait mille jaloux.

Dont quelqu'un a voulu le perdre auprès de vous,

Et ce lâche attentat n'est qu'un trait de l'envie

Qui s'etforce à noircir une si belle vie.

Pour moi, si par moi-même on peut juger d'autrui, 1 lO.i Ce que je sens en moi, je le présume en lui. Contre un si grand rival j'agis à force ouverte, Sans blesser son honneur, sans pratiquer sa perte. J'emprunte du secours et le fais hautement; Je crois qu'il n'agit pas moins généreusement, 1110

Qu'il n'a que les desseins où sa gloire linvite, Et n'oppose à mes vœux que son propre mérite.

ARSINOÉ.

Vous êtes peu du monde, et savez mal la cour.

��1098. Var. Quaml ils font contre vous, je le> crois beaucoup moins. (l6ol-5G.) 1101. La sienne, son estime; mais ici estime est pris évidemment dans le sens

passif de renommée, tandis qu'au vers précèdent le même mot est com|pris au

sens aciU d'estime qu'on a pour quelqu'un. Sur le sens pasîil, voyez la note du

V. 476.

llOi. On dit plutôt aujourd'hui s'efforcer de que s'etforcer é, tour tamilier à

Corneille :

On s'empresse à vous voir, on se/force d vous plaire. [Agésilas, 978.)

Ce n'est pas après ce verbe seulement qu'il emploie à de préférence à de .■ Toute ingrate qu elle est, je tremble à lui déplaire. {Pertîiarite, 7Vi.)

llOo. Il Cette scène rend au jeune Attale sa dignité, et lui reconcilie le specta- teur. Son àme noble s'esprime noblement; sa générosité envers son frère montre que ses prétentions tyranniques, ses amours mêlées d'ambitioii et de violence ne lui venaient que d'une inspiration étrangère. » (Naudet.) I.ui-mèine. Voltaire avoue que le caractère d' Attale commeiice ici à se développer et à devenir intéressant. Il n'est donc pas vrai, comme le soutient M. Géruzez, qu' « Attale ne tourne à la générosité que lorsque Flarainius lui défend de songer à Laodice ». Il a en lui les germes dune générosité naturelle, que les circonstances feront fleurir.

1108. Sans pratiquer sa perte, sans chercher à l'obtenir par des pratiques, dos moyens détournés : « Ainsi les protestants de France pratiquaient dès lors le .se- cours de cens d'Allemagne. » (Bossuet, Défense des Variations.) k\i v. 314 on a vu pratiquer employé avec un sens un peu différent.

1111. Où, auxquels; voyez la note du v. iô.

1113. Savoir la cour, c'est connaître les manières de la cour et se les appro- prier : « Son père sait la cour. » (Menteur, 1249.) M""» de Sévigné écrivait : « Elle sait mieux sa cour que les plus vieux courtisans. » Mais ici c'est au sens moral qu'on doit prendre cette locution, et l'on doit entendre : « Jeune, élevé parmi les citoyens de Rome, peu au courant des choses du monde, vous ignorez les intri- gues de la cour et croyez naïvement à l'honnêteté de vos adversaires. » Si l'on veut un commentaire éloquent de cette réllexion dédaigneuse, qu'on lise le t;tl)leau que La Bruyère nous trace de la cour, ou même l'esquisse rapide qu'en lait Bos-

�� �