ACTE m, SCÈNE VIII 281
ATTALE.
Est-ce autrement qu'en prince on doit traiter l'an^our?
ARSINOÉ.
Vous le traitez, mon fils, et parlez en jeune homme. 1115
ATTALE.
Madame, je n'ai vu que des vertus à Rome.
ARSINOÉ.
Le temps vous apprendra, par de nouveaux emplois, Quelles vertus il faut à la suite des rois. Cependant si le Prince est encor votre frère, Souvenez-vous aussi que je suis votre mère, H20
Et malgré les soupçons que vous avez conçus, Venez savoir du Uoi ce qu'il croit là-dessus.
suet dans l'Oraison funèbre de la Palatine. — Corneille dit ailleurs [Rodogune, 441) : Il un esprit de cour. »
1114. En prince, c'est-à-dire quand on est prince comme moi. La construction manque de netteté.
11 16. Ce vers ne donne-t-il pas la clef du caractère d'Attale'? Il n'a vu à Rome que la grandeur et la vertu romaines. De là son admiration et son dévouement sincère. Mais Flaminius se chargera de lui apprendre combien la politique de Rome est intéressée et combien cher s'achète son alliance; alors seulement s'ou- vriront les yeux de celui qu'Arsinoé appelle, avec tant de mépris, un « jeune homme •>.
1118. Quelles vertus. Ce qu'Arsinoé n'ose préciser ici pour ne pas révolter la candeur d'Alt.iIe, Photin l'avait eiposé cyniquement dans Pompée (1,1):
La justice n'est pas une vei ta d'Etat.
Le choix de? actions od mauvaises ou bonnes
Ne fait qu'anéantir la force <ies couronnes;
Le droit des rois consiste à ne rien épargner :
La timide équité ilétruil l'art de régner.
Quand on craint d'être injuste, on a toujours à crainàre.
Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre,
Fuir comme un ileshonneur la vertu qui le perd,
Et voler sans scrupule au crime qui lai sert.
C'est là sans doute la philosophie politique d'Arsinoé, celle que le temps, aide par une telle mère, enseignera au naif .\ttale. En attendant, elle dissimule : pour elle, comme pour la Clèopàtre de Rodogune,\a. dissimulation est aussi une vertu royale :
Digne vertu des rois, noble secret de cour.
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