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304 NICOMÉDE

N'y pensez plus du moins sans l'aveu du sénat.

��A voir quelle froideur à tant d'amour succède, 14è

Rome ne m'aime pas : elle hait Nicoraède; Et lorsqu'à mes désirs elle a feint d'applaudir, Elle a voulu le perdre, et non pas m'agrandir.

��Pour ne vous faire pas de réponse trop rude

Sur ce beau coup d'essai de votre ingratitude, 1400

Suivez votre caprice, offensez vos amis :

Vous êtes souverain, et tout vous est permis :

Mais puisque enfin ce jour vous doit faire connaître

Que Rome vous a fait ce que vous allez être,

Que, perdant son appui, vous ne serez plus rien, 1465

Que le Roi vous l'a dit, souvenez-vous-en bien.

1453. Lekain critique, comme impropre, ce mot à'amour, et corrige : Puisque l'indifférence à l'amilié snccède...

Mais cette lourde construction ne vaut pas le tour amèrement ironique employé par Corneille. Au reste, on a longtemps pris amour pour amitié, comme amitié pour amour, sans établir entre ces mots de distinction bien nette.

1436. « Ce vers excellent est fait pour servir de maxime à jamais. » (Voltaire.) 11 est fait, du moins, pour jeter un jour nouveau sur le caractère d'Àttale : le malheureux aimait Rome et s'en croyait aimé ! De là sa conduite dans toute la première partie de la pièce. Il s'aperçoit enfin que l'apparente amitié de Rome pour Attale n'est que de la haine pour Nicomèdc, et que, Nicomède désarmé, l'amitié disp.irait pour ne laisser debout que l'égoïste intérêt de la république. De là sa conduite au cinquième acte. Tout un caractère, toute une politique, et l'on pourrait presque dire toute une pièce, tiennent dans ce vers unique.

1457. Applaudir à, latinisme :

Loin de trembler pour elle il lui faut applaudir. [Horace, SI.)

1459. \ar. Pour ne vous faire pas des réponses trop rudes,

Sur ces beaux coups d'essai de vos ingratitudes... (1651-56.)

1460. Sur coup d'essai, coup de maître, voyez la note du v. 920.

1466. « Flarainius a laissé très imprudemment voir que Rome hait Nicomède sans aimer Attale ; mais, si Flaminius est un peu maladroit, Attale est un peu im-

Frudent d'abandonner tout d'un coup des protecteurs tels que les Romains, qui ont élevé, qui viennent de le couronner, et cela en faveur d'un prince qui l'a toujours traité avec un mépris insultant... Il est toujours désagréable de voir un prince qui ne prend une résolution noble que parce qu'il s'aperçoit qu'on l'a joué, qu'on l'a méprisé : je ne sais s'il n'eût pas mieux valu qu'il eiit puisé ces nobles sentiments dans son caractère, à la vue des lâches intrigues qu'on faisait, même en sa faveur, contre son frère. " (Voltaire.^ — « Attale presse Flaminius de faire une chose contraire à la politique romaine ; flaminius refuse, il parle au jeune .\ttale comme à la créature, à l'élève, au client des Romains, avec autorité, avec hauteur, se figurant qu'un seul mot suffira pour le faire changer de sentiment. Mais Attale voit clair dans ces détours tortueux ; mais il a l'âme fière, il est blessé dans son amour, dans sa dignité ; il se redresse et ne veut pas être dupe ou vil. Il n'y a rien h'i que de naturel, quoique inattendu et par conséquent fort propre à émou- voir le spectateur. » (.Naudet.)

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