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ACTE V, SCÈNE IV ■■'3

Il commence lui-même à se faire raison, lb63

Et vient de déchirer Métrobate et Zenon.

��Il n'est donc plus à craindre, il a pris ses victimes :

Sa fureur sur leur sang va consumer ses crimes;

Elle s'applaudira de cet illustre effet,

Et croira Micomède amplement satisfait. 1570

��Si ce désordre était sans chefs et sans conduite.

Je voudrais, comme vous, en craindre moins la suite :

Le peuple par leur mort pourrait s'être adouci;

Mais un dessein formé ne tombe pas ainsi:

Il suit toujours son but jusqu'à ce qu'il l'emporte; 1575

Le premier sang versé rend sa fureur plus forte;

Il l'amorce, il l'acharné, il en éteint l'horreur,

��1565. A se faire raison, à se faire justice; voyez le v. 1258.

1566. Voilà donc supprimés brusquement ces personnages qui n'ont jamais paru sur la scène, et qui pourtant semlilaient devoir jouer un rôle si important dans le drame. Que devient leur secret ? l'ourquoi n'est-il pas révélé? p.ourquoi refuser au spectateur, qui l'attend, l'éclaircissement des accusations réciproques que se lancent Nicomède et Arsinoé? On peut répondre que le spectateur a de- puis longtemps pris parti pour Nicomède, et qu'il n'a nul besoin des aveux de Métrobate et de Zenon pour croire à l'innocence du héros. Arsinoé, qui a plus à craindre es aveux, n'est-elle pour rien dans le meurtre opportun qui, en satis- faisant le peuple, la délivre de complices gênants? En tous cas, si Corneille eût laissé vivre Métrobate et Zenon, le dénouement de son drame n'eût pu être le même : convaincue d'un tel crime, Arsinoé n'eût pu vivre à côté de Nicomède. L'un des deux adversaires eût dû être sacrifié.

1568. Sur leur sang va consumer ses crivies, va éteindre dans leur Sàng sa rage criminelle. Consumer a, au xvii° siècle, le double sens de consumere et consummare.

L'n homme dont la vie est déjà consumée. {Pulehérie, V, 3.)

1574. Un dessein formé, un dessein arrêté et suivi, conçu par une volonté consciente d'elle-même, par opposition à ceu tumulte »que la reine croyait éphé- mère et désordonné. — u Chacun joue bien ici son personnage. La reine a l'es- prit remuant quand il s'agit de semer le trouble et d'ourdir des trames dans l'in- térieur du palais. Mais elle ne sait pas agir en présence de l'émeute, elle manque de resolution et de tête. Flaminius, le Romain expérimenté, montre la vraie cause du danger, en distinguant d'un tumulte populaire la sédition excitée et conduite par des chefs. » (Naudet.)

1575. Nous croyons que Adins jusqu'à ce qu'il l'emporte, le n'est pas au neutre, et se rapporte bien à but; par suite, que Voltaire semble avoir raison dans sa cri- tique : 11 On n'emporte pas un but. » Mais le mot but, remarque M. Godefrov, est ici pour l'objet qu'on se propose comme but, et emporter est pour remporter, se- lon l'usage d'alors.

1577 È l'amorce, il l'attire. Amorce, dans la langue poétique du xvii' siècle, voulant dire appât, attrait, amorcer, c'est attirer en flattant, allicere.

On amorce le monile avec de tels portraits. (Suite du Menteur, 703.1

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