SUR OEDIPE 3r)i
réponse si simple à Thésée qui lui demaade la main de Dirco ; mais OEdipe, comme le remarque Voltaire, semble occupé surtout de marier ses filles Autigoue et Ismène. 11 offre à Thésée de choi- sir entre elles ; mais c'est Dircé seule que veut Thésée, et il le dit en de jolis vers, dont le tort unique est d'être adressés par un Thésée à un OEdipe :
Si vous avez aimé, vous avez su connaître Que l'amour de son choix veut être le seul maître ; Que s'il ne choisit pas toujours le plus parfait, Il atlache du moins les cœurs au choix qu'il fait, Et qu'entre cent beautés dignes de notre hommage, Celle qu'il nous choisit plaît toujours davantage.
C'est d'avance le mot de La Rochefoucauld : « Le plaisir de l'amour est d'aimer... l'on est heureux par avoir ce qu'on aime, non par avoir ce que les autres trouvent aimable i. » Mais Thésée est un moraliste trop pénétrant. 11 passe bientôt de la prière à la menace : car OEdipe lui refuse Dircé, promise par lui à /Emon, le iils de Créon :
La parole des rois doit être inviolable.
Et Dircé, que dira-t-elle? Elle soit son devoir et obéira. Malgré cette ostentation de confiance, OEdipe est inquiet ; il se sent me- nacé dans la possession de ce pouvoir qu'il a conquis naguère en tuant le sphinx,
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme et lio n,
et il rappelle cet exploit à son confident Cléonte, dans un long récit plus imité de Sénèque que de Sophocle. Cependant, Jocaste a en vain prié sa fille Dircé d'accepter le choix qu'on a fait d'^Emon pour elle ; peut-être n'y a-t-elle pas mis toute l'insistance dési- rable, du moins OEdipe l'insinue, mais elle plaide contre lui la cause de la révoltée.
JOCASTE.
Je suis reine. Seigneur, mais je suis mère aussi... 1. Maximes 259 et 48,
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