336 ÉTUDE
Hélas ! elle l'est trop : il lui faut la mort, et la plus prompte. Ou avait oublié le malheureux OEdipe : Dircé concentrait sur elle toute l'attention. Le reste de l'acte est consacré aux hésitations, aux inquiétudes, aux terreurs de cet mfortuné. Mais nous sentons trop que l'intérêt véritable est ailleurs.
Acte IV. — Comme les infortunes d'OEdipe sont reléguées au second plan, les deux derniers actes languissent: car on s'y traîne, pour ainsi dire, sur les horreurs consacrées de cette légende que le poète rajeunit sans grande conviction. En quoi nous intéresse, par exemple, la méprise de Thésée, qui, fiancé de Dircé, peut se croire son frère ? 11 est vrai que Dircé lui dit, avec une pointe de tendresse précieuse ;
Ah ! Prince, s'il se peut, ne soyez point mon frère !
11 est vrai que Thésée, assez naïf en toute cette pièce, justifie et accuse à la fois le meurtier de Laïus par des arguments singu- liers :
Le crime n'est pas grand s'il fut srul contre trois Riais jamais sans forfait on ne se prend aux rois, Et fussent-ils cachés sous un habit champêtre, Leur propre majesté les doit faire connaître. L'assassin de Laïus est digue du trépas. Bien que, seul contre trois, il ne le connût pas.
Et pourtant, malgré ces étrangetés et ces faiblesses, un tel drame porte quelque chose en soi de si tragique, qu'on ne reste pas indifférent à la confrontation d'OEdipe avec Phorbas, le der- nier témoin du meurtre de Laïus, ni au portrait qu'Œdipe trace de cet adversaire inconnu :
Le second, je l'avoue, avait un grand courage, Bien qu'il parût déjà dans le pencliant de l'âge. Le front assez ouvert, l'œil perçant, le teint frais ; On en peut voir en moi la taille et quelques traits ; Chauve sur le devant, mêlé sur le derrière. Le port majestueux, et la démarche fière. II se défendit bien, et me blessa deux fois. Et tout mon cœur s'émut de le voir aux abois. Vous pâlissez, Madame !
Acte V. — Accablé par les révélations qui de tout côté fondent
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