360 ÉTUDE
les conclusions de Cinna, de Rodogune, d'Œdipe, et tant d'autres encore, dont je ne me souviens pas, fussent ridicules? Voilà de quoi nous brouiller, moi qui les lis jusqu'à l'approbation*. » Longtemps après, La Bruyère insinuait que quelques vieilllards, <( touchés indifféreinvient de tout ce qui rappelle leurs premières années, n'aiment peut-être dans Œdipe que le souvenir de leur jeunesse 2. » Mais il avait en face de lui et contre lui les cor- néliens de l'Académie, Thomas Corneille et Fontenelle. « Parmi ces vieillards, dit M. Despois s, il faut compter sans doute Louis XIV lui-même : car La Bruyère écrivait ceci en 1693, et de 168U à 1700, Œdipe est représenté au moins 19 fois à la cour, c'est-à-dire plus que toutes les autres pièces de Corneille. La seule qui ap- proche de ce chiffre est Cinna, représenté 15 fois pendant cette période. A la ville, la proportion est plus équitable; il y a de 1680 à 1700 six pièces de Corneille plus souvent représentées qu Œdipe, qui Test encore 56 fois... 11 est probable que cette prédilection singulière du roi était surtout fondée sur le souvenir des premières impressions de sa jeunesse : il avait vingt et un ans quand, avec toute sa cour, il s'était rendu à l'Hôtel de Bourgogne pour voir Œdipe, et il avait accordé à cette pièce des louanges que la Gazette s'empressa d'enmgistrer. » Corneille n"a eu garde d'oublier ces louanges, ni les » marques solides*» d'approbation que le jeune roi lui donna par ses libéralités.
Molière se moque de l'emphase avec laquelle de Villiers, comé- dien de l'Hôtel de Bourgogne chargé du rôle d'iphicrate, fait au cinquième acte le récit de la mort de Polybe » ; mais Floridor et Baron soutinrent avec gloire le rôle d'ÛEdipe, et c'est Baron, dit M. Marty-Laveaux, qui s'y faisait applaudir lorsque, en 1676, Cor- neille remerciait le roi de « ressusciter » ses pièces trop dédaignées ;
On voit Sertorius, Œdipe et Rodogune
Rétablis par ton choix dans toute leur fortune*.
��1. Lettre i SI"* de Grignan. 10 juin 1671.
2. Discours de réception à l'Académie.
3. Théâtre français sous Louis XIV. De 1680 à 1715. on donne à la cour il représentations de Cinna; i3 du Ciel; 22 à'Horace et A'Œdipe; mai» on «u donne 30 de Phèdre, 28 de Britannicus, etc.
4. Examen à'Œdipe.
3. Impromptu de Versailles, l. 6. Au roi, 1676.
�� �
