Page:Corneille Théâtre Hémon tome4.djvu/426

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Sauront tourner vos pas de quelque autre côté. Surtout ce privilège acquis aux grandes âmes, De changer à leur gré de maris et de femmes, Mérite qu’on l’étalé aux bouts de l’univers, Pour en donner l’exemple à cent climats divers.

POMPÉE.

Ah ! c’en est trop, Madame, et de nouveau je jure...

ARisriE. Seigneur, les vérités font-elles quelque injure?

POMPÉE.

Vous oubliez trop tôt que je suis votre époux.

ARISTIE.

Ah ! si ce nom vous plaît, je suis encore à vous. Voilà ma main, Seigneur.

POMPÉE.

Gardez-la-moi, Madame.

ARIST[E.

Tandis que vous avez à Rome une autre femme ? Que par un autre hymen vous me déshonorez? Me punissent les Dieux que vous avez jurés. Si, passé ce moment, et hors de votre vue. Je vous garde une foi que vous avez rompue !

POMPÉE.

Qu’allez-vous faire ? hélas !

AKISTIE.

Ce que vous m’enseignez.

POMPÉE.

Éteindre un tel amour!

ARISTIE.

Vous-même l’éteignez.

POMPÉE.

La victoire aura droit de le faire renaître.

ARISTIE.

Si ma haine est trop faible, elle la fera croître.

POMPÉE.

Pourrez-vous me haïr ?

ARISTIE.

J’en fais tous mes souhaits.