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SUR SERTORIUS 42S

Je ne veux d'héritiers que votre Rome, ou vous ; Vous choisirez, Seigneur; ou, si votre alliance Ne peut voir mes États sous ma seule puissance. Vous n'avez qu'à garder cette place en vos mains, Et je m'y tiens déjà captive des Romains.

��Madame, vous avez l'ànie trop généreuse Pour n'en pas obtenir une paix glorieuse. Et l'on verra chez eux mon pouvoir abattu, Ou j'y ferai toujours honorer la vertu.

Pompée est clément sans peine, puisqu'il retrouve Aristie; mais Pompée, ne l'oublions pas, c'est Rome, et Viriate, ce n'est pas seulement l'Espagne jusqu'alors indomptée, c'est le monde «bar- bare » tout entier qui renonce à une lutte inégale, et se résigne désormais à vivre dans une honorable servitude.

��III

��JUGEMENT ET ANALYSE

Sertonus serait un pur chef-d'œuvre si, au théâtre, les mérites dramatiques n'étaient pas au premier rang. A la lecture, on rend pleine justice à la sévère originalité de cette tragédie si éminemment, on pourrait ajouter — avec un regret — si exclusivement historique : car c'est à la lecture qu'apparaissent dans tout leur jour et cette entente profonde de l'histoire, et cette intelligence particulière du génie des nations mortes, et cette peinture vivante des carac- tères, mais surtout cette peinture des idées. Nul plus que Corneille — c'est là sa force et sa faiblesse à la fois — ne s'est complu à in- carner des idées en des personnages qui sont eux-mêmes sans doute, mais représentent plus qu'eux-mêmes, qui sont des indi- vidus et sont aussi des types. Sertorius, c'est la liberté romaine qui lutte en vain et qui expire; Viriate, c'est l'indépendance natio- nale qui résiste longtemps à la conquête et se voit enfin désar- mée; Aristie, c'est Rome qui hésite entre les deux partis; Pompée, c'est le dernier citoyen de cette même Rome que les agitations

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