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462 ETUDE

langue de Tallemant : « Il tous va meltt-e sur le théâtre toute la politique de Tacite, comme il y a mis toutes les déclamations de Lucaiu*; » et avec Boileau :

Vos froids l'aisouuemeuts ue feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Et qui, des valus efforts de cette rhétorique Justement fatigué, s'endort ou vous critique^.

M. Martj'-Laveaux avait supposé que Corneille devait la première idée de son Othon, non aux Histoires de Tacite, mais à VOtlone de Ghii'ardelli, représenté eu 1652. Corneille, il est vrai, connaissait Ghirardelli. en qui il voit un des plus beaux esprits de ITtalic^. Mais il est probable que cette tragédie ue fut jamais imprimée, et que Corneille ue l'a pas plus connue qu'un autre Ottone de Manzoui, également antérieur *. Croyons-en donc Corneille seul : il a lu et médité Tacite, en y joignant sans doute Suétoue et Plutarque.

Le premier livre des llisLoires de Tacite, les Vies de Galba et d'Othou par Suétoue et Plutarque, nous peignent l'uue des époques les plus sombres assurément de l'histoire romaine. On est au len- demain du règne de Néron, à la veille du règne de Vitellius. Galba est empereur pendant sept mois; Othon, qui lui succède, occupe trois mois le trône. Les vrais maîtres, ce sont les soldats : « Dans les révoltes causées par les violences de Néron, chaque armée élit un empereur; et les gens de guerre connaissent qu'ils sont maîtres de donner l'empire s. » C'est la traduction du mot conuu de Tacite g : u Evulycito impei'ii arcano, posse principem alUn quatn Romse fieri. » Montesquieu ne fera guère que répéter Tacite et Bossuet, lorsqu'il écrira :(> Chaque armée voulut faire un empereur. «Pourquoi Galba fut-il impopulaire ? Parce qu'il essaya de rétablir la disci- pline dans l'armée, parce qu'il refusa aux soldats le doaativum, disant avec une noble candeur qu'il savait choisir, mais non pas

1. Tallemant, Historiettes, t. VII.

2. Art poétique, ill, v. 21-24. « Il n'était point du tout content de la tragédie A'Othon, qui se passait toute en raisonnements, et ou il n'y avait point d'action tragique... M. Despréaux ne se cachait point d'avoir attaqué directement Othon dans ces quatre vers de son Art poétique. » (liolœana.)

3. Discours de la tragédie.

4. Picot, Bibliographie cornélienne.

5. Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, III, 7.

6. Histoires, I, 4.

7. Considérations, VV.

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