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474 ÉTUDE

prince qui tienne lui-même le timon '. » Cette insinuation mal- veillante est doublée d'une erreur singulière: car c'est précisément pour ce motif qu'Othou est repoussé. Encore moins admettra-t-on l'affirmation si précise du Bolxana : « Corneille avait affecté d'y faire parler trois ministres d'État dans le temps où Louis XIV n'en avait pas moins que Galba, c'est-à-dire MAI. Le Tellier, Colbert et de Lyouue. » On nous dispensera de pi^ouver que Colbert ne nous peut être présenté sous les traits de l'affranchi MarJiau ou même du préfet Lacus. Quant au troisième <i ministre d'État » de Galba, il ne prend point part à ce conseil.

Au reste, les profonds calculs des ennemis d'Othon semblent déjoués aussitôt que formés : tout dépend du consentement de la nièce de Galba, dont la main est destinée àPisou parles conjurés. Or, voici que Camille paraît, brave en face ceux qui prétendent lui imposer un mari, et leur défend de la mêler à leurs calculs égoïstes.

Acte III. — Il semble que les deux premiers actes aient épuisé tjjut l'intérêt du drame, car les trois actes qui suivent sont lan- guissants. C'est que, dans les premiers, Corneille a marqué de traits expressifs la situation historique, et que dans les derniers il est réduit à tirer delà situation dramatique tout ce qu'elle contient. Or cette situation n'est rien moins que féconde. Est-ce Camille, est-ce Plautine qui épousera Othou? En vérité, nous n'en avons qu'uu médiocre souci. Cette Camille hautaine, qui accable de ses mépris Lacus et Martian, la voici maintenant qui hésite, qui tremble, qui n'ose repousser Pison, qui parle de son « devoir » plus fort que son amour, comme si nous pouvions nous intéres- ser à l'accomplissement de ce devoir tout abstrait : le devoir que s'impose à elle-même la nièce de Galba; comme si nous pouvions être émus par cet amour qu'elle n'ose s'avouer et qu'Othon ne partage pas! 11 faut qu'AIbiane, sa « dame d'honneur », qui par son frère Albin a fait souder Othou, l'encourage, l'excite à la résis- tance, lui jure qu'Othon l'aime. Elle n'est qu'à demi persuadée, elle soupçonne quelque intrigue, mais ferme les yeux :

Pour Plautine ou pour moi je vois du stratagème. Et m'obstine avec joie à m'aveugler moi-même.

Lentement eUe se décide, et quand Galba paraît, il la trouve

1. Hhtonettes.i. \\\,

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