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564 ÉTUDE

Aux prières, aux pleurs d'un fils à vos genoux.

Ce doit vous être un spectacle assez doux De voir d'un œil Psyché mourante, Et de l'autre ce fils, d'une voix suppliante, Ne vouloir plus tenir son bonheur que de vous.

Rendez-la, Déesse, à mes larmes; Rendez à mon amour, rendez à ma douleur Le charme de mes veux et le choix de mon cœur.

��De la prière il revient à la menace : « Je veux Psyché, je veux sa foi! » Car Vénus s'obstine dans sa rigueur; mais on entend soudain des roulements de tonnerre, et Jupiter paraît dans les airs porté sur son aigle. C'est à lui que l'Amour demande justice :

Si Psyché n'est à moi, je ne suis plus l'Amour.

C'est lui qui conseille à Vénus la clémence :

Plus la vengeance a de quoi plaire aux hommes. Plus il sied bien aux Dieux de pardonner.

Vénus pardonne enfin, mais seulement quand Jupiter a fait de Psyché une immortelle.

11 convient de ne pas exagérer la valeur d'une œuvre délicate, où la galanterie est quintessenciée par endroits. 11 convient sur- tout de n'y pas chercher la naïveté fraîche et la profondeur du mythe antique. Psyché, qu'on ne l'oublie pas, est une tragédie- ballet, faite pour plaire à la cour de Louis XIV. .Mais enfin c'est une revanche de Tite et Bérénice. La force de Corneille s'y tem- père de grâce, et l'ensemble, ce qui est rare chez lui, est léger. On voudrait que Corneille s'en fût tenu là, et qu'il eût donné ce cou- ronnement à son œuvre. Psyché eût été la flèche élancée qui eût douiiué et complété le temple un peu sévère d'ensemble. Mais Pul- chérie et Suréna viendront ensuite, et l'on regrettera de n'y plus trouver le charme de Psyché,

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