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SUR PULCHÉRIE 573

liacê par un jeune rival, s'est exagéré la décadeuce de sa popula- rité, et nous avons pris trop au sérieux des plaintes trop cha- grines. Eu ce qui concerne Pulchérie, du moins, l'hypothèse n'est point justifiée, car nous avons ici le témoignage satisfait de Cor- neille :

« Je me contenterai de vous dire que, bien que cette pièce ait été reléguée dans un lieu où on ne voulait plus se souvenir qu'il y eût un théâtre, bien qu'elle ait passé par des bouches pour qui on n'était prévenu d'aucune estime, bien que ses principaux carac- tères soient contre le goût du temps, elle n'a pas laissé de peupler le désert, de mettre eu crédit des acteurs dont on ne connaissait pas le mérite, et de faire voir qu'on n'a pas toujours besoin de s'assujettir aux entêtements du siècle pour se faire écouter sur la scène. J'aurai de quoi me satisfaire si cet ouvrage est aussi heureux à la lecture qu'il a été à la représentation, et, si j'ose ne vous dis- simuler rien, je me flatte assez pour l'espérer*. »

Voilà qui est, ce semble, assez catégorique. Pour que Cor- neille, dont ou connaît la fière modeslie, ait pu se faire illusion à ce point, il faut qu'on l'y ait aidé de toutes parts, et que l'échec, s'il y a eu échec, n'ait pas été complet. Le théâtre du Marais, sans doute, u'était point tout à fait désert; mais il avait perdu la Champmeslé; il ne pouvait mettre en ligne que des acteurs de second ordre, tel que Guérin d'Estriché, qui devait épouser la veuve de Molière, et l'année suivante il ferma ses portes (1673). Pulchérie ne porta point bonheur à. la scène où avaient brillé le Cid et Ser- toriiis.

Diverses causes assez étrangères à l'art dramatique avaient sou- tenu peut-être l'intérêt de cette pièce, qui nous semble aujourd'hui si languissante. Aune d'Autriche était morte depuis six ans à peine, et tout souvenir n'était pas perdu de la tendre confiance qu'elle avait témoignée à Mazarin. Est-ce un souvenir de ce genre (|iie voulait rappeler M^c de Sévigné, lorsqu'elle écrivait à sa fille: '• Corneille nous lut l'autre jour une comédie chez M. de La Roche- l'oucauld, qui fait souvenir de la défunte reine 2 » ? Tel est, du moins, le texte nouvellement substitué au texte primitif, assez étrange : ijui fait souvenir de sa défunte veine. Outre que cette expression,

1. Au lecteur.

■1. Lc'tlre du lo janvier 1672. C'est dans cette lettre qu'elle s'écrie : u Croyez que jamais rien n'approchera (je ne dis pas surpassera) des divins endroits de Corneille. »

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