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SUR SUIIÉNA bS3

��Quand ou a comiueucé de se voir malheureuse, Hicu ne s'offre à uos yeux qui ne fasse Ireaibler; La plus fausse apparence a droit de nous troubler, Et tout ce qu'on prévoit, tout ce qu'on imagine, Forme un nouveau poison pour une âme chagrine.

Mais Suréua ne lui cède en rien ; il meurt par métaphore avec une facilité remarquable chez un soldat :

Je veux, sans que la mort ose me secourir, Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.

Du moins, Eurydice défend au plaiutif Suréua d'épouser la prin- cesse Mandane, qu'on lui destine, et Suréna, resté seul, ue sort d'embarras qu'en reprenant sou refrain douloureux :

Où dois-je recourir, Ciel! s'il faut toujours aimer, souffrir, mourir?

Pour être juste envers ce soupirant, il faut dire qu'en cette scène même il a trouvé de beaux accents. Lorsque Eurydice le supplie de vivre pour donner à sou pays des héros dignes de sa race, il ré- pond avec une mélancohe qui ne manque pas de grandeur :

Que tout meure avec moi, Madame 1 que m'importe

Qui foule après ma mort la terre qui me porte?

Sentiront-ils percer par un éclat nouveau,

Ces illustres aïeux, la nuit de leur tombeau?

Respireront-ils l'air où les feront revivre

Ces neveux qui peut-être auront peine à les suivre,

Peut-être ne feront que les déshonorer.

Et n'en auront le sang que pour dégénérer ?

Quand nous avons perdu le jour qui nous éclaire,

Cette sorte de vie est bien imaginaire,

Et le moindre moment d'un bonheur souhaité

Vaut mieux qu'une si froide et vaine éternité.

Engagée dans cette impasse (car il est ég'alement impossible à Suréna et d'épouser Eurydice et d'épouser Mandane), l'action ne saurait être pour nous que médiocrement intéressante. Tous les personnages de cette tragédie, en effet, se trouvent placés dans une situation fausse. Voyez Pacorus, le fils du roi : aimé dePalmis,

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