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oiseau. Là, l’oiseau n'est pas retenu en cage, comme dans le conte breton, où le magicien peut à tout instant le prendre pour lui rendre la forme humaine, que lui rend, en effet, chaque matin, le prince, son futur libérateur. L’oiseau est libre, et, dans la plupart des contes de ce type, la colombe s’envolera vers le palais du roi qui était son fiancé ou son mari avant sa métamorphose ; elle sera finalement prise, et le roi remarquera l'épingle et la retirera, rompant ainsi le charme.

Ainsi, la forme pure du thème de l’Epingle enchantée offre, en réalité, bien peu de chose qui permette de rapprocher ce thème de celui de la Captive alternativement morte et vivante. Seule, l’adaptation que nous avons signalée, fait vraiment lien entre les deux thèmes, et les spécimens de cette adaptation paraissent rares : nous n’en connaissons jusqu’à présent pas d’autre que le conte bas-breton.

Jusqu’à présent….. Nous venions d’écrire ces mots, quand une aimable communication de notre excellent Confrère en folklore, M. Paul Sébillot, nous a mis en présence d’un second et curieux conte de Bretagne, que nous n’aurions jamais eu ni l’idée, ni la possibilité d’aller chercher dans un vieil almanach[1]. Ce conte, recueilli par M. Sébillot en pays breton de langue française (gallot), à Penguilly, canton de Moncontour (partie centrale des Côtes-du-Nord), de la bouche d’un petit paysan de treize ans, présente la même combinaison de thèmes que le conte raconté à feu Luzel en pays de langue bretonne par une femme de Plouaret, à l’extrémité occidentale du même département.

Dans le conte gallot aussi, le héros est au service d’un magicien, un « seigneur », et ce magicien lui propose d’être le gardien d’oiseaux qui ont « sur la tête » « des épingles qu’il ne faut pas enlever ». Le héros observe d’abord fidèlement la défense ; mais, un jour, poussé par la curiosité, il enlève « une des épingles qui est sur la tête d’un des oiseaux », et il voit à la place de l’oiseau une belle princesse ; il replace l’épingle sur le haut de la tête de la princesse, et voilà celle-ci redevenue petit oiseau. Alors le héros demande congé à son maître et s’en va, emportant un des oiseaux, qui deviendra une princesse et jouera un rôle dans les aventures assez confuses qui suivent.

C’est fruste ; mais, dans la première partie du conte, l’idée est la même que dans l’autre conte breton. Un jour viendra sans doute où

  1. Almanach du Phare. Nantes, 1891, p. 107 et suiv.