Page:Cosquin - Les Contes indiens et l’Occident, 1922.djvu/17

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fils du marchand. Seule, Sang-de-gazelle-sur-la-neige était avisée de tout ce qui se passait. Une fourmi ne pouvait remuer dans la demeure du fils du marchand sans qu’elle le sût. Des instruments de musique, des chants s’y firent entendre ; Rubis se montra parée d’atours merveilleux. Cette nuit-là, le fils du marchand entra en marié auprès de Rubis. Le roi, entendant parler de cette fête, s’y rendit en personne. Dès qu’il eut vu les chanteuses, Rubis, ainsi que les mets recherchés que l’on y servait, il dit adieu aux affaires de l’état pour trois jours et se mêla aux gens de la noce, si bien, qu’il fallut venir le chercher pour le tirer de là.

De retour dans son palais, il dit aux gardes : « Amenez-moi le fils du marchand. » Celui-ci arriva. « Où sont mes deux rubis ? — Seigneur, j’ai oublié. Mais je, te les apporterai. Accorde-moi un délai d’un mois. » Il le laissa partir. Rentré chez lui, le fils du marchand trouva Rubis dans une grande irritation (contre le roi). Lui-même se plongea dans de tristes pensées. « Qu’est-ce qui t’inquiète, homme heureux, homme de conseil et de ressources ? Ce que l’on te demande est chose facile. Ne te mets aucun souci en tête. Tout sera prêt. Ne nous occupons qu’à jouir l’un de l’autre. »

Quand la fin du mois approcha, « Rubis, lui dit-il, qu’allons-nous faire ? — Apporte-moi un couteau effilé. » Quand le couteau fut dans sa main, elle se blessa légèrement au bras droit. Deux gouttes de sang tombèrent. Elles devinrent deux rubis. Il courut les porter au roi. « Notre Seigneur, voici les rubis. — Que veux-tu pour ta récompense ? — C’est un présent que je t’offre. »

Le roi les porta à sa fille. Sang-de-gazelle-sur-la-neige. « Maintenant, j’impose une autre condition, dit-elle. Je veux un collier de perles fines ; sans quoi, point de mariage avec le fils du vizir ! » Il eut beau lui répéter : « Mais c’est impossible ! » elle ne l’écouta pas.

« Le conseiller ! » Le conseiller lui dit : « Celui qui t’a procuré les rubis saura bien trouvée les perles. » Le roi envoya chercher le fils du marchand. « Je veux que tu m’apportes un collier de perles fines. — Bien. » Il s’en retourna soucieux. « Pourquoi le Sultan t’a-t-il mandé ? lui dit Rubis. — Il m’a commandé un collier de perles. — C’est tout ? C’est chose facile. » Elle lui écrivit un billet, le lui remit et lui dit : « Rends-toi à l’endroit où j’ai plongé dans la mer. Crie : Père Sa’dân ! Tu verras sortir un nègre d’une taille gigantesque. Garde-toi d’avoir peur de lui. Donne-lui ce billet sans lui adresser la parole. Il le prendra de son côté sans dire un mot. Il plongera et tu attendras. S’il se montre à nouveau