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RUBIS(ELIAQOUTA)


Il y avait un sultan qui avait épousé sept femmes. Les six premières restèrent sans enfant ; la plus jeune mit au monde un garçon... Louanges à Celui qui le créa ci le fit grandir dans la beauté! Il apprit toutes les sciences, puis l’équitation, les armes, la chasse. Il finit cependant par devenir un franc chenapan. Personne ne pouvait échapper à ses mauvais tours. Chaque jour ses victimes à qui mieux mieux venaient faire leurs doléances à son père.

Fatigué de lui faire des remontrances sans résultat, le sultan résolut de l’exiler. « Si tu bannis mon fils, lui dit sa femme, bannis-moi avec lui. » Il la répudia, lui donna assez d’argent pour qu’il suffit aux enfants de ses enfants, lui fournit des bêtes de somme et ce qu’il lui fallait. Bref, la mère et le fils s’enfoncèrent dans les déserts, vidant un lieu pour en remplir un autre — et nul ne vide et ne remplit que (Dieu) le Tendre, le Généreux ! — et ils arrivèrent enfin dans un endroit où l’on ne trouvait que des cigales et la soif.

« Mon fils, dit la mère, je ne bougerai pas d’ici : je suis morte de soif. » Et elle s’évanouit. Il la cacha dans un endroit où il étendit un tapis, monta sur son cheval et se mit à la recherche d’un point d’eau. Il finit par trouver une source qui jaillissait à gros bouillons. Il y puisa et prononça ce serment : « Par Ta’sî et Na’sî, aussi vrai que ce qui est écrit sur le front de ma tête, je n’en boirai pas avant que ma mère n’ait bu ! »

Il remonta sur sa bête et dare, dare, revint auprès de sa mère. Il la fit boire, la ranima, la remit sur sa monture, et ils continuèrent leur route.

Ils arrivèrent dans un endroit planté d’arbres, d’où l’on voyait dans le lointain un qçar (château). Ils campèrent là. Au milieu de la nuit, le prince entendit des gémissements. Il se leva et marcha de ce côté sur la pointe des pieds. Soudain, il aperçut une jeune fille...