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les voies de l’amour

liquide péricardique en produisant un bruit de glouglou qui nous glace de terreur.

« Le mort se réveille, me crie mon frère qui a déjà mis la porte entre le mort et lui. Il grimpe l’escalier quatre à quatre. Et moi, plus mort que le cadavre, je veux fuir, mais je n’ose me retourner ; je marche à reculons, et la porte, revenant sur elle-même, me frappe le dos et me rejette près du mort sur lequel j’appuie automatiquement mes mains pour ne pas tomber dessus. Nouvelle crainte ! double effroi ! un revenant m’a frappé dans le dos, un mort est là que je touche de mes mains. Comment suis-je sorti de cette cave hantée et maudite ? Comment ai-je grimpé les escaliers gluants ? Je l’ai toujours ignoré. Je crois que j’avais alors des ailes comme l’oiseau qui fuit devant l’ouragan. J’arrive dans le bureau du docteur Joyal en même temps que mon frère. Nous sommes tout essoufflés, tout pâles, tout verts devrais-je dire. Le docteur ne comprend rien à notre effarement. Nous lui contons notre triste aventure en grelottant tellement que nos genoux s’entre-choquent, nos dents claquent, nos bras s’agitent en une véritable danse de Saint-Guy. Le docteur éclate d’un rire moqueur et sarcastique. Ah ! le bon docteur ! il m’avait guéri de la peur des morts. »

Louis Vincent, en terminant son histoire, essaya de rire à la manière du bon docteur Joyal pour se remémorer