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les voies de l’amour

strophes que je me plairais à vous chanter ; mais comme je ne suis ni l’un ni l’autre, il faut que je me contente de parler de Lamarche comme vous venez de le faire de nos bons vieux cliniciens d’autrefois.

« Lamarche aimait les étudiants autant que nous l’aimions. Avant ou après les cours d’anatomie ou d’obstétrique, Lamarche était notre aîné ; mais pendant le cours il ne badinait jamais, et l’on s’en aperçut un jour qu’un étudiant espiègle se permit une farce que Lamarche ne goûta guère. Retroussant les manches de sa chemise jusqu’à l’épaule presque, Lamarche nous exhiba des biceps qui ne tentèrent pas le farceur de descendre dans l’arène pour en tâter les ressorts. Un autre jour, c’était à la suite de l’union entre Laval et Victoria, les étudiants avaient fait un chahut épouvantable aux cours précédant le sien. Lamarche entre dans la salle à son heure, monte à la tribune et dépose sur la table, en face de lui, un revolver dont le calibre épouvanta les plus hardis et les plus tapageurs. Le silence était rétabli pour toujours. Parfois le cours de Lamarche se transformait en scène comique dont lui-même était l’acteur principal. Alors il parlait en bon français et appelait les choses par leur nom ; les mots drôles, les expressions triviales, les comparaisons toujours justes et comiques se succédaient sans interruption. En dehors de ces exceptions très rares, les cours de Lamarche étaient marqués au cachet d’une