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les voies de l’amour

Victor qui fait des siennes. Ne le voyez-vous pas briser les bancs de la salle de récréation, en jeter les morceaux dans le gros poêle dont il enlève le tuyau. La fumée sort en gros tourbillons qui vont s’entre-choquer avec les nuages que produit le tabac de Frise-Blague. Ce souvenir de Frise-Blague et de Victor, de caractères si opposés, est si vivace qu’il me semble les voir tels qu’ils étaient à l’Université emplissant la salle de récréation, l’un de la fumée âcre du poêle ouvert et l’autre de la fumée de sa pipe grosse comme un four. Le seul souvenir du mélange de ces fumées me suffoque comme autrefois leur nuage obscur et leur odeur insupportable. »

On se rassit et on rit à gorge déployée.

« Pauvre Victor ! pauvre Frise-Blague, continua Pierre Vinet en forme d’oraison funèbre, Victor et Frise-Blague étaient les types les plus remarquables et les plus disparates parmi les étudiants, quoique tous deux bons et charmants garçons. Le premier, blond, à la face réjouie, avait toujours la bouche fendue jusqu’aux oreilles pour en laisser échapper une sottise comique ou une chanson grivoise. Toujours en mouvements, il méditait constamment un mauvais tour et parfois une farce cruelle. Il agaçait souvent ses confrères pour le simple plaisir de rire de leur colère, mais perdait toujours son temps et ses peines quand il s’attaquait au bon Frise-Blague dont il excitait le rire plus que l’ire. Frise-Blague