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les voies de l’amour

La grande voiture de l’hôtel nous conduisait, à travers les rues ténébreuses, à la porte de l’hôtel. Pendant que nos parents inscrivaient leurs noms dans le registre, nous nous dirigions, Andrée et moi, vers la large véranda à peine éclairée par quelques veilleuses électriques. C’était si bon respirer l’air aux effluves salins, après une journée entière passée dans un train surchauffé, que nous nous assîmes dans les larges fauteuils berçants. Le silence n’était interrompu que par le murmure du flot qui se roulait sur le sable en traçant de longues traînées phosphorescentes. Nous causâmes longtemps à voix basse pour ne pas éveiller les hôtes et surtout pour que personne n’entendît les paroles que déjà un amour plus profond nous suggérait. À l’horizon, loin, très loin, le ciel s’éclaircissait. La scintillation des étoiles commençait à diaprer le firmament de bleu argentin ; et, tout à coup, à l’est, semblant sortir de l’onde plombée, apparaissait un tout petit arc incarnat qui montait rapidement en s’élargissant et répandant tout autour des tons de feu, de cerise et de rose. On eût dit une aurore à minuit. Nous regardâmes longtemps en silence la lune se lever et monter dans cette nuit mystérieuse. Nous en contemplâmes longtemps la longue traînée des reflets tremblotants sur l’onde qui changeait à tout instant de couleurs. Le sommeil fuyait devant tant de beauté que nous admirions