Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/133

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de farine, afin de retarder le plus longtemps possible le moment d’avoir recours à la charité d’autrui, sans être obligée, en partant, de rien emporter de ce pauvre toit paternel, où il n’y avait que le pur nécessaire. Huit ou dix kopecks formaient tout son trésor ; c’était le seul argent qu’elle possédât sur la terre, et toute la richesse avec laquelle elle s’embarquait pour traverser un espace de plus de huit cents lieues.

« Mon père, dit-elle au missionnaire, en ouvrant doucement sa porte, partons pendant que mes parents dorment encore ; ne les éveillons point, ils pleureront assez tôt ; ils sont tranquilles parce qu’ils croient que nous ne pouvons sortir que par leur chambre ; mais la fenêtre de ce cabinet n’est pas haute, je sauterai facilement en dehors, et je vous aiderai ensuite à descendre sans vous faire aucun mal. »

Le missionnaire se prêta à ce pieux stratagème, qui devait épargner de déchirants adieux à trois infortunés. Quand il fut dans la forêt avec Élisabeth, elle mit