Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/136

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quelque distance de cette scène d’affliction :

« Mon père, je vous remets un bien qui n’a point d’égal, c’est plus que mon sang, que ma vie ; je vous le remets cependant avec confiance, partez ensemble ; des milliers d’anges veilleront autour d’elle et de vous ; pour la défendre, les puissances célestes s’armeront ; cette poussière qui fut ses aïeux se ranimera, et Dieu, puisqu’il est tout-puissant, et qu’il est père aussi de mon Élisabeth, Dieu ne permettra pas que notre Élisabeth périsse. »

La jeune fille, sans oser regarder son père, mit une main sur ses yeux, donna l’autre au missionnaire, et s’éloigna avec lui. En ce moment l’aurore commençait à éclaircir la cime des monts, et dorait déjà le faîte des noirs sapins, mais tout reposait encore. Aucun souffle de vent ne ridait la surface du lac, n’agitait les feuilles des arbres ; celles mêmes du bouleau étaient tranquilles, les oiseaux ne chantaient point, tout se taisait, jusqu’au moindre insecte : on