Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/146

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la route, formée de gros rondins placés sur des marécages, lui causait des secousses horribles qui épuisaient ses dernières forces sans altérer un moment son courage.

Cependant, en arrivant à Sarapoul, gros village à clocher, sur la rive droite de la Kama, le bon religieux éprouva une défaillance si extraordinaire, qu’il ne lui fut pas possible d’aller plus loin. Il fut recueilli dans un mauvais cabaret auprès de la maison de l’Oupravitel, qui régit les biens de la couronne dans le territoire de Sarapoul. La seule chambre qu’on put lui donner était une espèce de galetas élevé, avec un plancher tout tremblant, des fenêtres, sans carreaux, pas une chaise, pas un banc, pour tout meuble une mauvaise table et un bois de lit vide ; on y jeta un peu de paille, et le missionnaire s’y coucha. Le vent qui soufflait par la fenêtre était si froid, qu’il aurait éloigné le sommeil du malade, lors même que ses souffrances lui eussent permis de s’y livrer. De funestes pensées