voulut se remettre en route. Elle embrassa la vieille femme qui l’avait soignée comme sa propre fille, et lui dit tout bas, pour que l’exilé ne l’entendît pas :
« Je ne puis vous récompenser ; je n’ai plus rien du tout ; je ne puis vous offrir que les bénédictions de mes parents ; elles sont à présent ma seule richesse.
— Quoi ! interrompit la vieille femme tout haut, pauvre fille, vous avez tout donné ! »
Élisabeth rougit et baissa les yeux. L’exilé leva les mains au ciel, et tomba à genoux devant elle :
« Ange qui m’as tout donné, lui dit-il, ne puis-je rien pour toi ? »
Un couteau était sur la table, Élisabeth le prit, coupa une boucle de ses cheveux, et la donnant à l’exilé, elle dit :
« Monsieur, puisque vous allez en Sibérie, vous verrez le gouverneur de Tobolsk ; donnez-lui ceci, je vous en prie : « Élisabeth l’envoie à ses parents », lui direz-vous… Peut-être consentira-t-il que ce souvenir aille les instruire que leur enfant existe encore.
— Ah ! je jure de vous obéir, répondit