Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/31

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l’âge de quatre ans, la jeune Élisabeth ne connaissait point d’autre patrie : elle trouvait dans celle-ci de ces beautés que la nature offre encore même dans les lieux qu’elle a le plus maltraités, et de ces plaisirs simples que les cœurs innocents goûtent partout. Elle s’amusait à grimper sur les rochers qui bordaient le lac, pour y prendre des œufs d’éperviers et de vautours blancs, qui y font leurs nids pendant l’été. Souvent elle attrapait des ramiers au filet, et en remplissait une volière ; d’autres fois elle pêchait des corrasins qui vont par bandes, et dont les écailles pourprées, collées les unes contre les autres, paraissaient à travers les eaux du lac comme des couches de feu recouvertes d’un argent liquide. Jamais, durant son heureuse enfance, il ne lui vint dans la pensée qu’il pouvait y avoir un sort plus fortuné que le sien. Sa santé se fortifiait par le grand air, sa taille se développait par l’exercice, et sur son visage, où reposoir la paix de l’innocence, on voyait chaque