Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/40

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menacé sa vie, c’était la première fois qu’il manquait d’exactitude, et les frayeurs de Phédora furent sans bornes : tout en cherchant à les calmer, Élisabeth les partageait ; elle voulait aller au secours de son père, et ne pouvait se résoudre à quitter sa mère en pleurs. Jusqu’à cet instant, Phédora, délicate et faible, n’avait jamais été au-delà des rives du lac ; mais la violence de son inquiétude lui persuada qu’elle aurait des forces pour suivre sa fille, et aller chercher son époux. Toutes deux sortirent ensemble, et marchèrent vers la lande à travers le taillis. L’air était très froid, les sapins paraissaient des arbres de glace ; un givre épais s’était attaché à chaque rameau et en blanchissait la superficie ; une brume sombre couvrait l’horizon ; l’approche de la nuit donnait encore à tous ces objets une teinte plus lugubre, et la neige, unie comme un miroir, faisait chanceler à chaque pas la faible Phédora. Élisabeth, élevée dans ces climats, et accoutumée à braver les froids les plus rigoureux, soutenait