Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/50

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j’ai entendu gémir ! J’ai vu, j’ai vu dans les déserts de l’affreux Beresof, des infortunés qui vivaient sans amis, sans famille ; jamais ils ne recevaient une tendre caresse, jamais une douce parole ne réjouissait leur cœur : isolés dans le monde, séparés de tout, ils n’étaient pas seulement exilés, ils étaient malheureux.

— Et quand le ciel t’a laissé ta fille, interrompit Phédora, d’un ton de reproche et d’amour, tu dis que tu as tout perdu ; si le ciel te l’ôtait, que dirais-tu donc ? »

Springer tressaillit ; il prit la main de sa fille, et la serrant sur son cœur avec celle de sa femme, il répondit en les regardant toutes deux :

« Ah ! je le sens, je n’ai pas tout perdu ! »



Quand le jour parut, le jeune Smoloff prit congé des exilés ; Élisabeth le voyait partir avec regret, car elle était impatiente de lui révéler son projet, de lui demander sa protection ; elle n’avait pas trouvé un moment pour lui parler en particulier, ses parents ne l’avaient pas quittée, et elle