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C’est tout à fait regrettable. Car, pendant que l’attention est attirée de ce côté, et que beaucoup d’efforts sont dépensés en pure perte, on ne s’occupe pas, ou à peu près pas, d’une autre question bien autrement vitale, bien plus immédiatement nécessaire, et de laquelle dépend le succès de la colonisation elle-même : celle de notre agriculture qui végète et languit dans l’ignorance et la routine.

Que l’on daigne détourner un instant les yeux de la forêt pour regarder la terre, et on découvrira plus vite et plus sûrement la cause du mal.

Qu’on nous permette d’exposer ici quelques observations que nous avons eu occasion de faire dans nos courses apostoliques. Nous ferons cela avec toute la sincérité et le désintéressement dont nous sommes capable.

Nous ne nous faisons pas illusion au point de croire que nous dirons le dernier mot sur la question, mais nous osons espérer que ces expériences apporteront leur petite part de lumière à la solution de ce grand problème.


I

Population et défrichement

Le bois, voilà l’ennemi ! nous disent les apôtres de la colonisation, et tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de notre nationalité. Parmi eux se trouvent les personnages les plus considérables, qui ne sont mus par aucun intérêt direct ou personnel, mais uniquement préoccupés d’un désir très vif et très intense de trouver une solution aux difficultés qui entravent notre vie nationale dans son développement et son activité. Ils poussent à l’envahissement de la forêt. Il faut que les arbres disparaissent, que des paroisses nouvelles surgissent, sinon nous sommes condamnés à une perpétuelle infériorité.

Il y aurait donc un lien très intime et très étroit entre notre expansion et le défrichement, et ces deux choses ne seraient que les termes d’un seul et même problème.

Est-ce bien vrai ?

C’est un peu exagéré, même beaucoup, car nous trouvons que dans les limites des champs actuellement en culture, il y a de l’espace pour le surplus de notre population d’ici vingt-cinq ans.