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meura. D’Arcadius à Constantin XI, soixante dix-neuf empereurs le gouvernèrent, et les noms d’Héraclius au viie siècle, de Léon l’Isaurien au viiie, de Basile au ixe, de Nicephore Phocas et de Jean Tsimiscès au xe, des Comnènes au xie, de Théodore Lascaris et de Jean Vatace au xiie indiquent que, loin d’avoir suivi une courbe ininterrompue d’abaissement, l’empire grec à travers de terribles vicissitudes, sut remplir jusqu’au bout sa noble mission de rempart de l’Europe et de sauveur des civilisations occidentales. Son histoire pleine de sursauts de gloire méritait mieux que les préjugés dédaigneux à l’aide desquels on l’a travestie. Huit siècles de combat contre les Goths, les Huns, les Vandales, les Perses, les Avars, les Arabes, les Bulgares, les Hongrois, les Russes et les Turcs la résument : il rejeta les uns et civilisa les autres. Il tomba enfin — une première fois sous les coups de ces croisés, avides de butin qui, maîtres pendant cinquante ans de Constantinople, en ruinèrent la prospérité et en détruisirent les trésors artistiques — une seconde fois sous l’assaut de Mahomet II après que l’effort courageux des Paléologues eut réussi à annihiler pour deux siècles encore l’ébranlement produit par l’intervention de l’Europe en Orient.

Il est une des pages des annales si négligées de l’empire grec demeurée particulièrement in-