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la tunisie et l’égypte.

tant que gouvernement indépendant — était inévitable ; on a résumé la nécessité de sa disparition en disant « que les beys ne pouvaient ni se soustraire à notre influence, ni y obéir », ce qui est rigoureusement vrai. Du jour où elle s’était établie définitivement en Algérie, la France ne pouvait permettre que la Tunisie — ce prolongement de l’Algérie — devint un foyer de propagande antifrançaise, et, d’autre part, les efforts combinés de la Turquie, de l’Angleterre et de l’Italie devaient infailliblemenl produire ce résultat.

« La Porte, dit M. Guizot dans ses Mémoires, nourrissait depuis longtemps le désir de faire à Tunis une révolution analogue à celle qu’elle avait accomplie naguère à Tripoli, c’est-à-dire d’enlever à la régence de Tunis ce qu’elle avait conquis d’indépendance héréditaire et de transformer le bey de Tunis en un simple pacha. Une escadre turque sortait presque chaque année de la mer de Marmara pour aller faire sur la côte tunisienne une démonstration plus on moins menaçante. Il nous importait beaucoup qu’un tel dessein ne réussit pas : au lieu d’un voisin faible et intéressé, comme l’était le bey de Tunis, à vivre en bons rapports avec nous, nous aurions eu sur notre frontière orientale, en Afriqne, l’Empire ottoman lui-même avec ses prétentions persévérantes contre notre conquête et ses alliances en Europe… Chaque fois qu’une escadre turque approchait ou menaçait d’approcher de

    tiaire, député de la Sarthe, a publié sous le pseudonyme de P.-H.-X. ; il a pour titre : La politique française en Tunisie : le Protectorat et ses origines. Paris, Plon, 1891. On doit citer encore l’ouvrage de M. Narcisse Faucon, La Tunisie avant et depuis l’occupation française, pour lequel M. Jules Ferry a écrit une préface.