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la tunisie et l’égypte.

quer à la Chambre sur le crédit de 28,900,000 francs dont la demande avait été déposée par Jules Ferry, la veille de sa retraite. Il silhouetta magnifiquement le régime du protectorat, et 400 voix approuvèrent son programme. C’était un protectorat, en effet, qu’on allait établir, rompant ainsi avec la routine habituelle de nos mœurs coloniales. La France, instruite par les déplorables errements commis en Algérie, allait essayer de ce système de superposition matérielle, administrative et morale qui réussit si bien aux peuples colonisateurs et dont elle devait, très vite, réaliser par elle-même les bienfaits. Sous MM. Roustan, Cambon, Massicault, on sait quelles réformes sages et judicieuses furent opérées, et comment la Tunisie parvint rapidement à un degré de prospérité encore inconnu de nos autres dépendances d’outre-mer.

Au moment même où la France se trouvait aux prises avec les difficultés soulevées par son action en Tunisie, des événements se produisaient en Égypte[1] qui l’allaient placer dans cette fâcheuse alternative d’intervenir dans un conflit gros de conséquences ou d’abandonner l’espèce de protectorat moral qu’elle exerçait sur la terre des Pharaons. Il est malaisé de définir autrement les liens qui unissent la France et l’Égypte. Ils existent depuis le jour où une pensée illogique et imprévue, mais féconde, a conduit Bonaparte au pied des Pyramides. Ils ont été consolidés par les progrès d’une science nouvelle, l’égyptologie, demeurée, jusqu’à ce jour, presque exclusivement française,

  1. Consulter l’intéressant volume de M. Borelli, intitulé : Choses d’Égypte, 1883-1895.