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la france coloniale.

tent. Tous ces hommes préparent, sans s’en douter, l’expansion future de la France et promènent, à travers le monde nouveau qui emplit l’horizon, leur splendide insouciance et leur brutalité joyeuse.

François ier en fondant le Havre (1537), marque le premier que cette expansion est « affaire du Roi », ce qui, pour l’époque, veut dire : question nationale. Coligny, plus tard, ne se lasse pas d’organiser des expéditions : il envoie Jacques Cartier au Cap-Breton, Villegageux au Brésil et Jean Ribaud en Floride. Quelques maisons se fondent, quelques sociétés s’organisent pour exploiter les richesses qui se révèlent. Il y en a une en Algérie, vers 1525, qui a pour but la pêche du corail. En 1582, des Normands, chassés de Guinée par les Portugais, unissent leurs efforts et s’établissent à Saint-Louis du Sénégal, et, en 1598, de Chastes, gouverneur de Dieppe, nommé par Henri iv lieutenant général de l’Amérique, forme, avec des gentilshommes de Rouen et de la Rochelle, une compagnie de commerce.

La situation se précise : l’Amérique du Nord a attiré les jeunes audaces comme un aimant, le fer ; elle va devenir le champ clos des convoitises européennes ; à peine Champlain a-t-il fondé Québec (1608) et découvert les Grands Lacs (1614-1615), que sa sécurité est menacée. Les Anglais, établis en Virginie dès l’époque de son premier voyage, ont déjà profité de la régence de Marie de Médicis pour ravager l’Acadie ; en 1628, ils attaquent le Canada. Québec, dont ils s’emparent, est restitué à la paix de Saint-Germain (1632), mais la guerre allumée sur les rives du Saint-Laurent ne cessera plus pendant un siècle et demi.