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de la république.

cherchant dans l’appui des partis modérés une sauvegarde contre les exagérations des partis extrêmes, contre l’opposition irréconciliable des monarchistes et contre les intransigeances de ce radicalisme dont Ernest Picard avait dit si justement, dès 1869, qu’il n’était « pas une politique, mais une attitude ».

L’Assemblée allait entrer dans le vif de son œuvre lorsque l’insurrection communiste éclata à Paris ; elle comblait la mesure de nos infortunes. Malgré les tentatives qui ont été faites depuis pour donner à ce mouvement un caractère socialiste et humanitaire qu’il n’eut jamais, le temps, qui atténue tant de choses, n’a rien enlevé de leur horreur aux sombres souvenirs de 1871. L’assassinat des généraux Lecomte et Clément Thomas, le second siège de Paris, les orgies et les bouffonneries de la Commune, le massacre des derniers jours et cette fin immonde et bestiale dans le sang et dans le pétrole, passèrent sur la France comme un cauchemar. Des mains françaises arrachèrent de son piédestal la colonne Vendôme, ce monument fait d’un bronze péniblement conquis pour la gloire de la patrie par de simples soldats, héros obscurs dont nous ne savons pas les noms ; le drapeau tricolore, sous les plis duquel ils avaient combattu, s’abîma avec la colonne sur le sol de Paris, et les Prussiens, sous les regards desquels ces choses avaient lieu, se réjouirent, car la défaite dépassait leur attente, puisque l’ignomiuie la couronnait. La population parisienne souffrit de la Commune plus qu’elle n’y participa ; elle était tembée du « sommet des illusions les plus immenses que jamais population assiégée ait conçues dans une réalité qu’il avait été malheureusement impossible de