chapitre xiii
les idées et les mœurs
On s’est souvent donné pour mission de rechercher les rapports entre les idées et les mœurs d’un peuple. Ardue déjà quand il s’agit du passé, une semblable tâche excède véritablement les forces des contemporains. Ces rapports existent, ils sont étroits ; mais, pour les connaître, il faudrait pouvoir déterminer quelles sont, à un moment précis de son histoire, les idées du peuple qu’on veut étudier. Là, précisément, est la difficulté. On l’a dit, « la survivance est une loi de la psychologie des peuples. Des idées autrefois dominantes continuent à s’exprimer alors qu’elles ont perdu depuis longtemps leur efficacité, et on continue de tenir le même langage quoiqu’on ait commencé à agir, parfois sans le savoir, d’après d’autres principes[1]. » Cette vérité a souvent été méconnue. Elle ne s’ap-
- ↑ Lévy-Bruhl, L’Allemagne depuis Leibnitz.