Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/444

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
423
la question sociale.

vement peut être arrêté, ou refoulé, ou même qu’il peut s’éteindre de lui-même ? Le bon sens dit qu’il doit aboutir à une modification de l’état social, ce qui n’implique pas, d’ailleurs, la disparition complète de la société actuelle, ni son remplacement par la cité collectiviste. Les solutions entrevues sont au nombre de trois : ou bien par l’association se constituera une puissance qui traitera d’égal à égal avec le capital ; ou bien la loi établie par les délégués du plus grand nombre interviendra pour redresser les injustices du hasard et de l’hérédité ; ou bien enfin l’entente volontaire se fera au moyen de concessions réciproquement consenties.

Le courant syndical, en France, est assez considérable ; bien entendu, on ne peut le comparer à celui qui, en Angleterre, détermina la formation des trades-unions[1]. Au 1er  juillet 1893, il existait 4,448 associations professionnelles[2] ; 637 de plus qu’en 1892. Dans l’espace d’une année, les syndiqués étaient passés de 723,680 à 900,236, soit une augmentation de 176,156[3]. En 1885,

  1. On se rappelle qu’au début les trades-unions furent traitées avec méfiance par les pouvoirs publics et privées des garanties essentielles à l’existence de toute société. Une série d’attentats étant venue jeter l’alarme dans l’opinion, une grande commission d’enquête fut instituée qui proposa le régime de la liberté absolue. Les trades-unions devinrent par la suite « l’une des bases reconnues de la paix sociale en Angleterre ».
  2. 1893. 1892.
    Nombre. Membres. Nombre. Membres.
    Syndicats
    patronaux 
    1.397 114.176 1.212 102.649
    ouvriers 
    1.926 402.125 1.589 288.970
    mixtes 
    173 30.052 137 18.561
    agricoles 
    952 352.883 863 313.800
  3. Rapport du ministre du commerce sur le développement des associations professionnelles pendant l’année 1892-1893. Ce rapport ne con-