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les premières années

fait naître l’idée de « proroger ses pouvoirs », et le vote du 20 novembre 1873 organisa la présidence septennale.

La situation se retrouvait la même que sous M. Thiers. Le maréchal se voyait, comme son prédécesseur, dans l’obligation de maintenir la République et de chercher à l’organiser ; avec une netteté et une persévérance dignes d’éloges, il ne cessa d’insister sur ce point. Lors d’une visite au tribunal de commerce de Paris, comme on lui exprimait les inquiétudes des industriels parisiens : « L’Assemblée nationale, dit-il, m’a remis le pouvoir pour sept ans. Mon premier devoir est de veiller à l’exécution de cette décision souveraine. Soyez donc sans inquiétude ; pendant sept ans je saurai faire respecter de tous l’ordre de choses légalement établi. » Ce langage, le maréchal le rappelle dans une lettre, puis dans un ordre du jour à l’armée, à l’issue d’une revue au bois de Boulogne, puis encore à l’approche des vacances dans un message très net, presque autoritaire d’allures, enjoignant à l’Assemblée d’en finir avec ses tergiversations. Au cours d’un voyage dans l’Ouest, il répond au président du tribunal de commerce de Saint-Malo ces paroles brusques et significatives : « Vous avez dit tout à l’heure qu’il n’y avait pas de gouvernement ; vous vous trompez, il y en a un : c’est le mien. » À Lille, un peu plus tard, il fait appel « aux hommes modérés de tous les partis » et renouvelle, dans son message de rentrée, les mêmes déclarations.

L’inébranlabilité du maréchal finit par donner à son ministère un peu de l’esprit de suite et de stabilité qui sem-